par Jonathan Thibeault
Le 14 mai dernier, la Société de la Vallée de l’aluminium (SVA) et Alklasinn, le regroupement islandais de l’industrie de l’aluminium, ont signé une entente de collaboration à l’ambassade du Canada à Reykjavik. Cet accord marque le renouvellement d’un partenariat initialement établi en 2017, avec pour objectif de favoriser les transferts technologiques, les maillages industriels et les pratiques durables dans le secteur.

L’entente signée en Islande prévoit une collaboration stratégique visant l’innovation et une complémentarité auprès des deux marchés. (Photo : gracieuseté)
Ce rapprochement s’inscrit dans une logique de continuité et de relance. « Nous avions une entente en place depuis 2017, mais les liens s’étaient quelque peu estompés. En fin d’année 2024, nous avons repris contact en marge de l’Innovation Week en Islande, à laquelle nous participions déjà. C’est là que l’idée de relancer l’entente s’est imposée naturellement », explique Lilianne Savard, directrice générale de la SVA et du Créneau d’excellence en transformation de l’aluminium.
Des similitudes porteuses de synergies
L’Islande et le Saguenay–Lac-Saint-Jean partagent plusieurs points communs, notamment une forte présence de production primaire d’aluminium.
« Étant insulaires, les Islandais ont dû développer des compétences avancées en recyclage et en économie circulaire. Ce sont des domaines où ils ont beaucoup à nous apprendre », souligne Mme Savard. Elle ajoute que l’échange de savoir-faire peut s’avérer très profitable : « C’est l’occasion de mettre en commun nos expertises pour développer des solutions novatrices », ajoute-t-elle.
Alklasinn, qui joue un rôle similaire à celui du Créneau d’excellence en transformation de l’aluminium au Québec, agit comme catalyseur de partenariats entre centres de recherche, entreprises, fournisseurs et équipementiers en Islande. « Chez nous, on parle de créneau, ailleurs, on parle de cluster. Mais le principe reste le même : unir les forces autour d’un objectif commun d’innovation », commente Mme Savard.
Des retombées concrètes attendues
La collaboration se déclinera notamment par des visites mutuelles. Une délégation d’environ 25 représentants islandais est attendue au Québec en septembre. Ils visiteront la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, ainsi que Québec, dans le but d’approfondir les liens avec les équipementiers et fournisseurs locaux.
Par ailleurs, Alklasinn a confirmé sa participation au Salon Global Aluminium, qui se tiendra en mai 2026 à Saguenay.
« Ce salon, que nous voulons présenter tous les deux ans, avec des enjeux spécifiques, s’inscrit dans notre stratégie de positionner la Vallée de l’aluminium comme un pôle d’importance mondiale. Nous voulons que cet événement ait un rayonnement pour le Québec et la Vallée de l’aluminium, et qui un jour sera comparable à celui de Düsseldorf ou de Nashville », précise Lilianne Savard. Elle insiste sur le fait que cette visibilité est essentielle pour attirer des partenaires internationaux et faire valoir l’expertise québécoise.
La nouvelle entente permettra aussi de répondre à des besoins concrets de l’industrie locale. L’accent sera mis sur la robotisation, l’économie circulaire et l’optimisation des procédés industriels.
« Des entreprises comme Charl Pol, EPIQ Machinerie, STAS, Dynamic Concept possèdent une expertise reconnue qui peut bénéficier d’une mise en commun avec leurs homologues islandais. Il s’agit de créer des ponts pour innover ensemble », soutient la PDG.
Vers d’autres ententes internationales
Bien que l’entente soit encore récente, plusieurs pistes sont envisagées pour les mois à venir. Parmi elles, des missions commerciales croisées, des ententes commerciales, des partenariats et même des consortiums. Une possibilité de projets de recherche conjoints et possiblement des échanges de personnel. « Il est trop tôt pour annoncer des projets concrets, mais l’engagement est bien réel. Les contacts sont pris et les discussions sont en cours », assure-t-elle.
L’initiative s’inscrit aussi dans une stratégie plus large d’ouverture internationale. Questionnée à savoir si ce modèle pourrait être calqué dans d’autres marchés, Lilianne Savard mentionne que la SVA envisage d’étendre ce modèle de partenariat à d’autres grappes industrielles en Europe, comme le secteur naval et maritime ou les clusters y sont également très performant. Sans oublier toute la partie recyclage qui traverse tous les secteurs.
« On est déjà en pourparlers avec d’autres clusters. L’idée est de multiplier les occasions de collaboration internationale dans cette ère où nos voisins prennent des décisions différentes. Donc oui, on regarde pour s’ouvrir davantage vers l’Europe, et même le Canada, mais il est trop tôt pour dire quoi que ce soit. »
En terminant, Mme Savard partage une réflexion personnelle sur l’importance de telles initiatives : « Ce qui m’étonne toujours, c’est de voir l’expertise des autres et où elles sont rendues. Ça nous pousse à nous remettre en question, à chercher à aller plus loin. C’est en accompagnant nos entreprises dans cette démarche qu’on peut vraiment faire une différence », croit-elle. Pour les acteurs de l’industrie, le message est clair : les collaborations internationales sont non seulement possibles, mais hautement souhaitables. « Travailler ensemble, c’est mettre toutes les chances de notre côté pour relever les défis de demain », conclut-elle.