Skip to main content
par Jonathan Thibeault

Une collaboration stratégique entre Structures CPI (filiale du Groupe Proco) et Robexco propulse l’entrepreneur spécialisé en structures de ponts dans une ère d’innovation technologique. Grâce à l’installation d’une cellule robotique de métallisation automatisée, Proco élargit désormais ses services au-delà de ses capacités de production actuelles.

Grâce au soutien financier du CQRDA via le programme Équipementiers-clients du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE), le projet de cellule robotique automatisée de métallisation marque une étape importante dans l’automatisation du recouvrement des structures d’acier. Conçu pour protéger les poutres de pont et autres ouvrages métalliques de grande envergure contre la corrosion, ce système utilise des matériaux essentiels tels que le zinc, l’aluminium pur ou des alliages aluminium-zinc, selon les exigences de chaque projet.

Deux bras robotisés permettent d’enduire les poutres d’acier d’une protection métallique sans avoir à confier cette tâche à des employés. (Photo : gracieuseté)

L’implantation de cette technologie de pointe au sein de l’usine saguenéenne de Proco permet à l’entreprise d’accroître considérablement sa productivité. Cet investissement majeur représente une avancée stratégique dans un contexte où la rareté de la main-d’œuvre qualifiée et la nature répétitive des tâches freinent souvent la productivité. « Grâce à cette innovation développée sur mesure par notre partenaire Robexco, nous sommes désormais en mesure d’élargir notre offre de métallisation. Jusqu’à présent, nous devions prioriser le ministère des Transports pour le recouvrement en zinc de leurs structures, mais cette obligation a pris fin », explique Alexandre Blackburn, directeur de l’usine de La Baie chez Proco.

Équipée d’un bras robotisé se déplaçant sur rail, la cellule atteint avec précision des surfaces complexes tout en synchronisant son mouvement avec celui des poutres. Le projet a suivi une méthodologie rigoureuse, incluant la création d’un modèle 3D, l’élaboration d’un prototype et l’optimisation des paramètres de métallisation. Cette technologie répond directement aux besoins actuels de l’entreprise en augmentant l’efficacité, en automatisant les tâches et en garantissant une application uniforme et de haute qualité des revêtements protecteurs.

Désormais, les employés occupent le rôle d’opérateur dans cette salle de contrôle de la cellule robotisée. (Photo : Jonathan Thibeault)

Un projet livré en 14 mois

La firme saguenéenne spécialisée en robotisation et automatisation, Robexco, a livré la cellule de métallisation en seulement 14 mois, une performance exceptionnelle, souligne Alexandre Blackburn.

« Robexco a agi avec une rapidité remarquable. Comme cette cellule représente une vitrine technologique pour eux, ils ont mobilisé une grande partie de leurs ressources pour accélérer son développement. Avec les nombreux défis techniques impliqués, ils ont su les relever avec brio », précise-t-il.

Alexandre Blackburn, directeur de l’usine La Baie de Proco pose devant une structure d’acier destinée aux travaux de prolongement de l’autoroute 70, un chantier situé tout près des installations de l’entreprise. (Photo : Jonathan Thibeault)

Le robot a été conçu pour reproduire les techniques autrefois exécutées manuellement par des opérateurs équipés de fusils métalliseurs sur échafaudages. Désormais, deux bras automatisés équipés de fusils métalliseurs assurent un travail de haute précision, remplaçant les méthodes manuelles. Cette innovation automatise les tâches et garantit des opérations précises. Les employés surveillent désormais les bras automatisés depuis une salle de contrôle dédiée, située à proximité de la cellule.

« L’accès à une main-d’œuvre qualifiée pour les tâches manuelles représentait un défi, notamment en raison des risques de blessures. Chez Proco, la santé et la sécurité au travail sont des priorités absolues. C’est pour ces raisons, ainsi que la rareté de la main-d’œuvre, que nous avons décidé d’adopter cette transition technologique. Désormais, nous aurons besoin d’opérateurs, un nouveau profil certes, mais nous sommes convaincus que la cellule automatisée facilitera notre attractivité, car les employés n’auront plus à effectuer des mouvements répétitifs », affirme M. Blackburn.

Utilisation d’un revêtement d’aluminium

Actuellement, les normes imposées par le ministère des Transports exigent l’utilisation exclusive de revêtements en zinc pour la protection des structures métalliques. Alexandre Blackburn, ingénieur mécanique de carrière, souligne que l’entreprise a sollicité un chercheur de l’UQAC pour étudier les propriétés physiques des protections à base d’alliages aluminium-zinc ou même d’aluminium pur, dans le but d’élargir les options disponibles.

Ces travaux de recherche visent non seulement à fournir des données probantes pour une présentation au Ministère, mais également à démontrer les avantages techniques de ces alliages dans la prolongation de la durée de vie des poutres, notamment en matière de résistance à la corrosion. « Chez Proco, nous avons pris l’initiative d’explorer ces alternatives. L’aluminium présente des propriétés tout aussi intéressantes que le zinc et offre la possibilité d’utiliser des matériaux locaux, comme les tiges d’aluminium produites dans la région. En privilégiant des ressources locales, nous réduisons également l’empreinte carbone de nos projets. Les essais réalisés avec les tiges d’aluminium de Fjordal à Arvida ont donné des résultats remarquables », précise-t-il.

Également, en plus de l’enrobage métallisé appliqué sur les structures d’acier, l’ajout d’un système de peinture renforcerait l’intégrité physique des ouvrages traités. Ces couches supplémentaires, comparées à l’acier dénudé, prolongent considérablement la résistance des structures en ralentissant l’usure causée par la corrosion et les effets du temps.

Un projet collaboratif de A à Z

Pour Alexandre Blackburn, il est évident que ce projet collaboratif n’aurait pu voir le jour autrement. « Chaque département et chaque partenaire, que ce soit Robexco, le CQRDA ou notre filiale Structures CPI, ont eu un impact extraordinaire. Nous ne pouvions pas nous improviser experts en automatisation, et l’apport de Robexco a été considérable. Cette firme dispose d’une expertise régionale solide et a mobilisé une grande partie de son équipe, démontrant une rapidité déconcertante », dit-il fièrement devant les quatre plaques installées pour honorer le fruit de cette collaboration.

Pour Alexandre Blackburn, il était primordial d’afficher les logos des 4 partenaires afin de marquer le jalon important dans la transition technologique de l’entreprise. Ces logos sont imprimés sur des panneaux d’aluminium. (Photo : Jonathan Thibeault)

Une innovation qui pourrait en créer d’autres

Pour Proco, dont le siège social est situé à Saint-Nazaire, l’implantation de la cellule robotique automatisée n’est que le premier pas dans un parcours d’innovation prometteur pour les années à venir. Alexandre Blackburn voit dans cette technologie un moyen de transformer les opérations en éliminant les tâches répétitives, libérant ainsi le potentiel des employés pour des missions à plus forte valeur ajoutée.

Lors de la visite des installations réalisées dans le cadre de la rédaction de cet article, la présence de travailleurs internationaux a confirmé les efforts de Proco pour surmonter les défis liés à la pénurie de main-d’œuvre. L’intégration semble harmonieuse, comme en témoigne le lien de proximité qu’entretient M. Blackburn avec ses équipes, échangeant volontiers avec ses employés, parfois espagnols, afin de leur témoigner une marque de respect très appréciée. Cette attention portée à chaque membre de l’équipe crée une dynamique humaine forte au sein de l’usine.

Parallèlement, des structures d’acier imposantes destinées au prolongement de l’autoroute 70 étaient en pleine préparation pour recevoir leur revêtement métallisé. Situé tout près des installations baieriveraines de Proco, ce projet symbolise l’attachement local de l’entreprise et son engagement envers des projets d’envergure. L’innovation, désormais pleinement intégrée après des mois de travaux, ne passe d’ailleurs pas inaperçue dans l’industrie. M. Blackburn se réjouit de constater que les choix stratégiques de Proco portent déjà leurs fruits.