Par alexandre d’astous
Dans le contexte où l’empreinte environnementale prend de plus en plus d’importance dans le choix des matériaux de construction, notamment pour obtenir une certification, AluQuébec souhaite dynamiser son grand chantier pour faire la promotion de l’utilisation de l’aluminium du Québec dans la construction, un aluminium plus vert, car produit en utilisant l’hydroélectricité plutôt que le charbon.

François Racine, président-directeur général d’AluQuébec, considère que l’aluminium dans la construction passe par la production de matériel pédagogique.
Le président-directeur général d’AluQuébec, François Racine, estime que la promotion de l’utilisation de l’aluminium dans la construction au Québec commence par la production de matériel pédagogique destiné aux étudiants des cours techniques, que ce soit le design industriel, l’architecture ou le génie. « Si on veut que les constructeurs utilisent l’aluminium, il faut qu’on les informe des bienfaits de ce matériau et des façons de l’utiliser. Nous avons amorcé un projet de deux ans, au printemps dernier, Alu-Compétence, afin de produire du matériel pédagogique libre de droits », explique-t-il.
« Il a un manque sur le plan de la transmission de la connaissance, que ce soit la sensibilisation et/ou la formation, et nous sommes très actifs dans ce domaine. Actuelle- ment, l’aluminium est très peu mentionné dans les programmes d’architecture ou de design et nous voulons changer cela. Nous avons confié le mandat à notre centre d’expertise et d’innovation sur l’aluminium (CeiAl) pour la rédaction de matériel technique. Nous avons également consulté les enseignants afin de connaître leurs besoins. Ça peut aller jusqu’à fournir des échantillons que les étudiants pourront manipuler », précise M. Racine.
Le Défi Structure-Al
Depuis deux ans, AluQuébec propose un concours aux étudiants en génie, le Défi Structure-Al. « Les étudiants universitaires ont trois jours pour travailler sur un projet de conception d’un bâtiment. Ils ont accès à toutes sortes d’experts dans l’utilisation de l’aluminium. C’est une immersion complète et totale de quatre jours dans le milieu de l’aluminium. C’est un autre outil de sensibilisation. C’est un blitz de connaissances incomparables avec ce qu’ils ont à l’école », indique le PDG.
AluQuébec offre aussi des cours de formation continue pour les ingénieurs civils dans le domaine des infrastructures.

Le directeur du Laboratoire interdisciplinaire de recherche en ingénierie durable et en écoconception, Ben Amor.
De plus en plus utilisé
L’aluminium est de plus en plus utilisé en construction, surtout pour l’enveloppe extérieure. C’est une ressource locale. Ses principaux avantages sont sa légèreté, sa facilité d’entretien et sa durabilité. « Depuis le lancement de la Stratégie québécoise de développement de l’aluminium (SQDA) en 2015, la Société québécoise des infrastructures (SQI) et la Société d’habitation du Québec (SHQ) ont été incitées à inclure l’aluminium dans les projets de construction d’écoles, de maisons pour aînés et d’édifices publics. On voit apparaître de plus en plus l’utilisation de revêtement extérieur avec des feuilles d’aluminium. Les appels d’offres publics exigent eux aussi, de plus en plus, l’emploi de l’aluminium », mentionne M. Racine.
L’aluminium est aussi utilisé pour la fenestration et tous les accessoires pour la mécanique du bâtiment, le chauffage et la ventilation pour alléger le poids des équipements. AluQuébec fait des pressions sur les gouvernements afin que d’autres critères que celui du plus bas soumissionnaire soient retenus dans les appels d’offres publics. « Les deux critères sur lesquels on insiste beaucoup sont la prise en compte du coût total et la durée de vie de l’ouvrage. De ce côté, l’aluminium se démarque malgré un coût à l’achat légèrement supérieur, mais l’ouvrage en aluminium va durer trois ou quatre fois plus longtemps et il ne demande presque aucun entre- tien, comparativement à l’acier, par exemple. »
Des recherches concluantes
Le directeur du Laboratoire interdisciplinaire de recherche en ingénierie durable et en écoconception (LIRIDE) et directeur du programme de baccalauréat en génie du bâtiment de l’Université de Sherbrooke, Ben Amor, assure que les recherches de ce laboratoire confirment que l’utilisation de l’aluminium dans la construction implique d’importants gains environnementaux.
« Il faut évaluer les impacts environnementaux sur l’ensemble de la durée de vie d’un bâtiment, à commencer par la conception du matériau utilisé. L’aluminium a une faible empreinte écologique, car il est conçu en utilisant l’hydroélectricité, une des formes d’énergie les moins polluantes. Cet aspect est unique au Québec. Nous estimons que les organismes de certification comme LEED devraient accorder plus de points au choix du matériau, notamment de l’aluminium », mentionne le professeur Amor.
Le Laboratoire prône l’utilisation du bon matériau à la bonne place.
« Nous priorisons l’utilisation de l’aluminium pour le revêtement extérieur des bâtiments. C’est là que l’aluminium a son mot à dire grâce à sa faible empreinte environnementale. C’est même un choix impératif dans la palette des matériaux disponibles pour l’enveloppe extérieure des bâtiments. L’aluminium peut aussi être utilisé dans certaines parties de structure, mais c’est surtout pour le revêtement extérieur qu’il est efficace et recommandé. Depuis 2017, nous avons analysé toutes les alternatives d’un point de vue environnemental et l’aluminium obtient beaucoup de points pour son aspect écologique et sa flexibilité, qui en facilite l’utilisation », précise M. Amor.