par Alexandre D’Astous
L’organisme Sherbrooke Innopole œuvre au développement industriel et technologique sur le territoire de la Ville de Sherbrooke depuis 2009. L’aluminium est au cœur de ses actions grâce à un partenariat avec le Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium (CQRDA).
Le partenariat entre les deux organisations se cristallise autour de la présence de l’agent de développement au CQRDA, Jean-Marie LeVasseur, également conseiller du département Services aux entreprises au sein de Sherbrooke Innopole. « Notre terrain de jeux, c’est Sherbrooke. Notre mission est d’accélérer la croissance et l’innovation au sein des 690 entreprises de notre secteur dédié, et également de favoriser le déploiement d’un environnement propice aux affaires. Nous aidons les entreprises, de la jeune pousse à la grande entreprise, à faire face à leurs différents enjeux stratégiques. Certains besoins sont récurrents, comme la commercialisation, la transition numérique, l’attraction et la rétention de main-d’œuvre et la croissance à l’international. Nous administrons aussi une cellule de mentorat pour soutenir les entrepreneurs de tous les secteurs d’activités dans leur développement », explique le DG de Sherbrooke Innopole, Sylvain Durocher.

Gilles Déry, président-directeur général du Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium, Sylvain Durocher, directeur général de Sherbrooke Innopole, et Jean-Marie LeVasseur, conseiller, Services aux entreprises de la filière clé Industrie manufacturière et fabrication de pointe chez Sherbrooke Innopole lors de l’annonce du partenariat entre Sherbrooke Innopole et le CQRDA. (Photo courtoisie)
Un autre volet de l’organisation est l’attraction d’entreprises en provenance de l’extérieur. « Notre cible est d’attirer des entreprises qui viendront combler les manques dans les différentes chaînes de valeur en place. De cette façon, nous visons à générer des écosystèmes complets qui créeront de la valeur sur le territoire et faciliteront le quotidien des entreprises », ajoute M. Durocher.
Implication du CQRDA
M. Durocher raconte que le CQRDA était présent à Sherbrooke par l’entremise de son agent de développement, Jean-Marie LeVasseur. « Je le connaissais déjà. En septembre 2021, j’avais besoin de ressources et Jean-Marie, qui est un ancien du secteur industriel, était l’homme désigné pour venir m’aider à faire du développement économique à Sherbrooke. Nous avons regardé comment nous pouvions agencer le tout avec son poste au CQRDA et faire bénéficier nos entreprises qui utilisent l’aluminium de l’expertise de Jean-Marie ».
M. LeVasseur entretien notamment des liens avec des entreprises comme Ball technologies avancées d’aluminium Canada et Verbom, deux entreprises de Sherbrooke œuvrant dans la transformation de l’aluminium.
« Ça nous permet d’unir deux postes dans la région, et je trouve ça très intéressant de permettre au CQRDA d’avoir une antenne ici à Sherbrooke », souligne M. Durocher.
Recherche et développement
Depuis son association avec Sherbrooke Innopole, M. LeVasseur a collaboré avec plusieurs entreprises sur des projets, notamment en recherche et développement. « Nous avons travaillé sur des projets assez innovateurs qui peuvent impliquer de la prise de propriété intellectuelle et des brevets. Nécessairement, la confidentialité est de mise tant que les projets ne sont pas complétés. Il y a quand même eu un bon niveau d’activités entre le CQRDA et les entreprises de la région de Sherbrooke, par exemple Dual Electrotech, une entreprise qui fait des panneaux électriques et qui a converti certaines composantes de ses panneaux vers l’aluminium. De son côté, il y a Verbom qui est dans l’estampillage de pièces automobiles, dont plusieurs pièces vont dans les usines de Tesla. Verbom est à l’origine de beaucoup de projets pour alléger les véhicules utilitaires et les autobus en utilisant l’aluminium, ce qui augmente l’autonomie des véhicules électriques », mentionne-t-il. Motrec utilise aussi l’aluminium dans certaines de ses pièces de véhicules électriques industriels.
Des rondelles en aluminium pour une économie circulaire
Il va sans dire que le volet recherche et développement au sein des entreprises peut aussi favoriser une optimisation de l’usage de l’aluminium dans la chaine de transformation, une démarche bien ancrée au sein de l’organisation Ball technologies avancées de l’aluminium Canada.

Ball est une entreprise de transformation de l’aluminium qui fabrique des rondelles qui servent à faire notamment des cannettes d’aluminium. (Photo courtoisie)
« Ball est une entreprise de transformation de l’aluminium qui fabrique des rondelles qui servent à faire notamment des cannettes d’aluminium. L’entreprise a développé des recettes maison pour faciliter le processus d’extrusion de cannettes. C’est une entreprise de deuxième transformation qui reçoit des lingots des alumineries et qui s’approvisionne aussi en ballots d’aluminium provenant de la consigne de cannettes. C’est un bel exemple d’économie circulaire, comme 90 % des cannettes consignées sont recyclées et récupérées », ajoute M. LeVasseur.
L’entreprise en conception et en fabrication d’équipements d’assistance aéroportuaire, TLD Canada fabrique quant à elle du matériel pour les aéroports. L’entreprise intègre de l’aluminium dans certains équipements, comme des plateformes élévatrices.
Cinq filières clés misant sur l’innovation
« Nous sommes un maillon les plus près des entreprises et de leurs enjeux. Nos connaissances locales sont très fines et nous avons 20 personnes au sein de Sherbrooke Innopole qui travaillent uniquement pour Sherbrooke. Par ailleurs, nous sommes structurés en cinq filières clés regroupant les entreprises selon leur secteur d’activité, soit Industrie manufacturière et fabrication de pointe, Technologies quantiques et de l’information, Technologies propres, Science de la vie et Micronanotechnologies. Depuis la création de la Zone d’innovation quantique de Sherbrooke – DistriQ, annoncée en février 2022, le secteur des sciences quantiques et des technologies appliquées est en pleine croissance », signale M. Durocher.
Faisant partie des partenaires fondateurs de la Zone d’innovation, Sherbrooke Innopole s’implique évidemment dans le déploiement de plusieurs projets liés à celle-ci, dont la construction d’un premier bâtiment qui servira de multilocatif pour les entreprises œuvrant en quantique. « Ce sera un espace où les entreprises naissantes (start-up) vont pouvoir s’installer et avoir accès à de l’équipement coûteux qu’une entreprise en démarrage n’a souvent pas les moyens d’acquérir. On espère pouvoir faire un lien avec l‘aluminium éventuellement. Ce sont des technologies émergentes. Ça va nous permettre de voir à quel endroit nous pouvons utiliser l’aluminium dans la structure », affirme M. Durocher. M. LeVasseur estime que l’intelligence artificielle aura ses applications dans les alumineries ou dans l’industrie du transport intelligent.
Des défis à relever
Parmi les défis à relever dans le domaine de l’aluminium, M. LeVasseur parle de favoriser la plus grande utilisation possible de l’aluminium, notamment dans la construction en général, mais aussi dans la construction navale.
« Les ingénieurs choisissent l’acier assez facilement, mais il faut changer ce réflexe et mettre en évidence les avantages de l’aluminium, dont sa légèreté, sa durabilité et sa résistance à la corrosion pour ne nommer que ceux-là ».
Des défis que continuera à relever le Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium (CQRDA) avec l’aide de ses agents d’innovation, mais aussi au travers de collaborations solides, tout comme avec Sherbrooke Innopole.