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par Jonathan Thibeault

Les entreprises industrielles débutent graduellement la numérisation de leurs opérations et dans un contexte de changements technologiques, elles doivent aussi s’ajuster aux réalités du marché du travail avec une rareté de la main-d’œuvre. Au cœur de la formation des employés, il y a Deuzspark Technologies. La jeune entreprise technologique se positionne au cœur de la révolution industrielle 4.0 avec ses solutions innovantes de simulation pour la formation. Tour d’horizon avec son fondateur Vincent Roy.

Deuzspark se spécialise dans l’élaboration d’environnements de formation dynamiques et immersifs, inspirés des prouesses du jeu vidéo. L’entreprise basée à Saguenay souhaite aussi étendre ses applications au-delà de la formation, en développant notamment des plateformes technologiques multiservices de type PaaS (Platform-as-a-Service), incluant des solutions pour améliorer les systèmes de gestion de l’apprentissage (LMS), ainsi que des services d’identification, d’authentification et de contrôle d’accès sécurisé, favorisant l’interopérabilité avec les systèmes existants tels que les systèmes de gestion des ressources humaines. Leur approche innovante comprend l’utilisation de réalité mixte et d’autres technologies de pointe pour améliorer les processus et la sécurité dans diverses industries​​.

Vincent Roy est le fondateur de Deuzspark Technologies (Photo: courtoisie Deuzspark).

Vincent Roy, fondateur de Deuzspark, a une histoire fascinante. Son parcours dans les Forces canadiennes l’a ensuite conduit vers une carrière dans le développement de jeux vidéo avant de pivoter vers la simulation pour l’industrie. En 2020, l’entrepreneur fait une incursion dans la sphère du développement de jeux, il fonde Deuzspark Technologies. Voyant un potentiel inexploité dans l’application des simulations interactives à des fins de formation en SST, le visionnaire décide de transformer sa mission et de profiter du savoir-faire de toute son équipe et le mettre au service des entreprises industrielles et manufacturières notamment.

Simuler des situations complexes

La philosophie de la firme de développement logicielle, imprégnée de l’expérience militaire de Roy, se concentre sur l’apprentissage par la répétition et la simulation, une méthode prouvée pour inculquer des compétences et des réflexes sécuritaires dans des environnements à haut risque.

« Dans l’armée, quand tu as une arme dans les mains, tu apprends à faire des actions répétitives. À un moment donné, ça devient un automatisme. […] Ce qu’on veut faire dans un contexte de santé et sécurité au travail, c’est un peu la même philosophie. On veut que l’état d’esprit des employés soit : “je l’ai fait plusieurs fois, je vais m’en souvenir” même si c’est dans un environnement de technologie virtuelle. Il est prouvé qu’une situation de jeu et de simulation stimule les opérateurs, surtout dans un contexte où un incident survient pendant un scénario », indique le fondateur.

Innovations infonuagiques : réduire les coûts pour maximiser l’accès

Les innovations technologiques de Deuzspark, telles que l’utilisation du cloud et du webRTC, rendent les simulations accessibles sur des appareils informatiques du quotidien. Cette accessibilité transforme la formation, la rendant plus intégrée aux activités des travailleurs et moins dépendante d’équipements spécialisés très coûteux. La jeune pousse, incubée à l’INKUB Desjardins, a également développé des collaborations fructueuses avec des organisations telles que le CQRDA, renforçant son rôle dans l’industrie de l’aluminium. Leur plateforme de formation en réalité virtuelle, adaptable aux besoins spécifiques de chaque entreprise, permet une personnalisation quasi sans limite des programmes de formation et de simulation. La volonté du fondateur est de demeurer à l’avant-garde puisque selon lui, l’entreprise serait parmi les pionnières dans la façon dont ils développent leurs services. « Dès le départ, notre enjeu a été l’aspect de la diffusion. Nous savons que nos clients ; les usines notamment, n’ont pas d’équipements informatiques de très haute performance et donc, il fallait trouver une façon de pouvoir offrir un environnement de simulation avec cette contrainte. L’idée de l’utilisation du protocole WebRTC et du cloud nous offre plus de flexibilité une fois rendus sur le terrain. On s’intègre à la réalité de chacun et on leur diffuse la formation sur téléphone mobile, tablette ou téléviseur intelligent », met-il en relief, en ajoutant qu’ils possèdent des infrastructures cloud pouvant soutenir leur croissance à long terme et payables à l’utilisation.

Deuzspark Technologies allie jeu vidéo et formation par des simulations réalistes, pour entraîner les employés face à des scénarios complexes du monde réel (Illustration : courtoisie Deuzspark Technologies).

L’enjeu, avec l’utilisation de serveurs de performance cloud, c’est son coût. L’entrepreneur et son équipe ont pu profiter des derniers mois pour perfectionner des procédés visant à fractionner les coûts de ces infrastructures numériques à leur avantage. « Nous avons réussi à développer des paramètres avec nos systèmes pour que ce soit le plus économique possible sans réduire sur la qualité. […] Il faut savoir que l’hébergement d’un processeur graphique (GPU) en ligne coûte très cher puisqu’il doit être en actif en permanence. Ce qui est particulier, avec notre plateforme, c’est qu’on a une composante, qu’on est en train de perfectionner, qui permet de sauver autour de 90 % des coûts de diffusion »

Décomplexifier le virage numérique

Selon les observations et analyses que possède Vincent Roy, le milieu industriel aurait au moins 20 ans de retards technologiques. Afin de le rattraper, l’offre de Deuzspark viendrait décomplexifier le virage technologique reliée à la formation en s’intégrant aux installations pour que ce soit simple, tout en ne nécessitant pas d’investissements élevés en équipements. « On observe un manque de spécialistes dans les TI au Québec et les usines ont du retard. On les aide à se numériser et on apporte ça différemment pour leur démontrer que ça peut être simple, tout en leur rappelant que la perfection n’existe pas. S’ils recherchent la meilleure technologie pendant des mois, ils risquent de rater des opportunités. En simplifiant certaines étapes, on vient leur offrir des services à valeur ajoutée et ils passeront à un autre niveau sans trop d’investissements en actifs », indique-t-il.

Un PaaS en développement

Sébastien Godin, Vice-président et directeur aux opérations (gauche) et Vincent Roy (droite). (Photo: courtoisie Deuzspark).

Parallèlement au développement de formations par simulation, Deuzspark Technologies travaille également sur l’implémentation fonctionnelle d’un logiciel en tant que service (SaaS), qui constitue une composante essentielle de leur plateforme PaaS en cours de développement. Le service vise, entre autres, à permettre aux usines, notamment les alumineries et manufacturiers, d’avoir accès à une plateforme d’échange de données entre eux et leurs partenaires afin que ces transferts soient sécurisés. En plus de cette deuxième phase, Roy et son équipe demeurent à l’affût des changements technologiques qui avancent à grande vitesse. « Avec la technologie Unreal Engine, tous les récents  avancements font en sorte qu’on peut faire des choses qui n’auraient pas été possibles auparavant. Par exemple, on est désormais capable de réaliser des clones numériques d’usines et de réaliser des numérisations complètes avec photométrie et LiDAR. Avant c’était restreint et moins réaliste. […] Les systèmes de rendu offrent maintenant la possibilité de simuler les propriétés de lumière et de coloration des métaux comme dans la vraie vie. Tout ça fait en sorte que les formations peuvent être plus près de la réalité et plus intéressantes », explique le passionné.

Vers un avenir sans frontières

Avec des ambitions de croissance internationale, Deuzspark envisage de porter ses solutions innovantes au-delà du Canada, avec un accent particulier sur l’Europe. La France, avec son marché industriel en plein essor, représente un point d’intérêt majeur pour l’entreprise. L’intégration future de leur technologie en Europe est un pas en avant vers l’exportation de leurs services.

« Là-bas, iI y a de gros enjeux de main-d’œuvre et il y a un énorme potentiel pour nous. Déjà, nous avons été interpelés pour ouvrir un bureau sur le territoire français. Ça augure bien pour la suite », de conclure Vincent Roy, sourire en coin.