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Par Alexandre d’Astous

Au début du printemps dernier, l’équipe du CQRDA et du magazine AL13 a traversé le fleuve pour rencontrer deux des principaux artisans de la réussite de l’entreprise Premier Tech, le président et chef de la direction, Jean Bélanger, ainsi que le vice-président principal, développement corporatif, Yves Goudreau, deux amis de longue date qui ont pris du temps dans leur horaire chargé pour nous parler de ce qui les anime comme entrepreneurs, mais aussi comme employeurs et citoyens corporatifs importants pour la région de Rivière-du-Loup et du Bas-Saint-Laurent.

Le Campus Premier Tech à Rivière-du-Loup. Photo : Premier Tech.

La première chose qui frappe en arrivant sur le Campus Premier Tech à Rivière-du-Loup, c’est l’ampleur du site. On dirait une petite ville. La deuxième chose qu’on comprend tout de suite en discutant avec Jean Bélanger et Yves Goudreau, c’est la passion commune qu’ils ont pour l’innovation, recherche et développement (IRD) et leur conviction qu’il est possible pour une entreprise de rayonner à l’international tout en conservant ses racines et son Siège mondial en région, à Rivière-du-Loup.

Cette philosophie est à la base du développement de l’entreprise qui a fêté ses 100 ans en 2023. AL13 a voulu connaître les clés du succès de cette entreprise et les deux coéquipiers ont répondu avec une grande générosité en faisant un portrait dynamique d’une entreprise qui ne cesse de surprendre.

L’horticulture à la base de Premier Tech

Jean Bélanger, président et chef de la direction de Premier Tech. Photo :

Premier Tech a été fondée en 1923 à New York par deux immigrants allemands, deux frères, issus d’une famille qui produisait de la tourbe de mousse de sphaigne et qui en exportait aux États-Unis. « Ils ont ouvert un bureau de vente à New York. Pendant les 10 premières années, ils étaient en mode importations-exportations. À partir de 1933, c’est la montée du national-socialisme et les besoins augmentent pour l’utilisation de la tourbe comme source d’énergie. Ils utilisent de la tourbe comme source d’énergie plutôt que du charbon ou du gaz. C’est à ce moment que les deux frères ont ouvert une première usine de production en Amérique du Nord à l’Île Verte, à 15-20 kilomètres de Rivière-du-Loup », raconte Jean Bélanger.

C’est ce qui marquera le début de l’aventure qui deviendra Premier Tech, telle qu’on la connaît à ce jour. Les deux frères ont été propriétaires de l’entreprise de 1933 à 1978, année où Bernard Bélanger a acquis l’entreprise.

Une pluralité de métiers

Afin de bien camper les bases de l’organisation, Jean Bélanger a pris le temps de présenter les divers métiers qui ont permis à Premier Tech de se diversifier au fil des années. Chez Premier Tech, on n’hésite pas à explorer de nouvelles opportunités.

« L’entreprise a été concentrée dans le domaine de la tourbe de mousse de sphaigne qui a été au cœur de ses activités jusqu’en 1990, où nous avons fait le pivot qui a mené à la diversification de nos métiers. Aujourd’hui, nous avons cinq groupes d’affaires. Le premier à avoir vu le jour est Premier Tech Producteurs et Consommateurs, centré sur les domaines de l’horticulture et de l’agriculture. Autour de lui se sont développées des technologies et des expertises complémentaires. Depuis la fin des années 1950, Premier Tech conçoit ses propres équipements. Cela nous a amené à créer notre deuxième métier, Premier Tech Systèmes Automatisés, qui met à profit le potentiel de la robotique et de l’automatisation pour fabriquer des équipements d’emballage flexible et de palettisation », indique Jean Bélanger.

Conscients que leurs compétiteurs s’inspiraient de leurs avancées en IRD, l’Équipe Premier Tech a fait preuve d’audace pour faire quelque chose d’inhabituel jusque-là. « Nous nous sommes dit que tant qu’à nous faire copier, nous allions commencer à offrir à nos compétiteurs les technologies développées chez nous. C’est ainsi que nous avons créé Premier Tech Systèmes Automatisés en 1990. Nous sommes le premier joueur mondial dans l’emballage flexible industriel », souligne M. Bélanger.

Au début des années 80, Premier Tech a fait évoluer sa démarche en IRD pour lui donner un rythme accéléré et soutenu, à la suite d’une réflexion faite par l’organisation.

« L’an dernier, nous avons fêté les 40 ans d’innovation continue depuis la création de notre toute première équipe de recherche en 1983. Chez Premier Tech, l’innovation est un processus continu que nous intégrons à tous les aspects de l’entreprise, y compris les opérations, le développement organisationnel, la durabilité et la stratégie commerciale. »

Jean Bélanger souligne, dès 1983 que la vision de Premier Tech avant même qu’on parle de durabilité, était de ramener la vie dans les sols, travailler sur des biostimulants, des biocontrôles, des biofertilisants, donc d’utiliser du vivant, des microorganismes et des micro-bactéries pour remplacer les fertilisants et les pesticides, les fongicides et les insecticides.

« Les biotechnologies sont l’une des grandes compétences de Premier Tech. Dans les années 80, c’est un secteur un peu méconnu. La très grande majorité de nos produits sont développés à l’époque par nos équipes d’experts en biotechnologies, notamment les biostimulants destinés autant aux professionnels en serre qu’aux producteurs dans les champs, et même aux consommateurs », poursuit M. Bélanger.

En 1985, une deuxième étape de diversification s’amorce. La ressource qu’est la tourbe de mousse de sphaigne est disponible facilement et en grande quantité au Canada.

« Une matière qui nous passionne. Les années de recherche ont ouvert la porte à de nombreuses innovations. Une des utilisations qui a capté l’attention à l’époque, c’est la biofiltration. La recherche pour la création d’un système de traitement des eaux inspiré des propriétés filtrantes de la tourbe de mousse de sphaigne a débuté. En 1992, nous sommes devenus passionnés par les eaux usées. En 1995, nous mettons sur le marché une solution innovante et unique – le biofiltre Ecoflo®, un système de traitement des eaux usées autonome – et le troisième groupe d’affaires, Premier Tech Eau et Environnement, voit le jour », relate M. Bélanger.

Aujourd’hui le biofiltre Ecoflo® est la première marque mondiale dans le traitement des eaux usées avec plus de 12 000 unités vendues par annuellement. Photo : Premier Tech.

De 1995 à 2015, Premier Tech concentre ses efforts à faire grandir ses métiers et à en faire des joueurs majeurs, des leaders en termes d’innovation et de présence sur les marchés.

En 2015, dans le cadre d’une planification stratégique, Premier Tech s’est questionnée sur le développement d’autres potentiels. « On voulait ajouter une diversité qui aurait du sens pour Premier Tech dans un fil continu entre nos métiers et les besoins de nos clients. En prenant la mesure des milliers d’équipements que nous avons installés dans divers marchés – que ce soit pour le traitement des eaux usées ou pour le domaine de l’emballage – en plus de la volonté exprimée par nos clients quant à leurs besoins d’avoir accès aux données générées par nos produits ou à celles qui pourraient l’être, ceci ouvrait la porte à explorer de nouvelles possibilités. C’est ce qui a amené, en 2018, la création de notre quatrième groupe d’affaires, Premier Tech Digital. D’abord basé sur nos propres besoins en matière de technologie numérique, ce groupe d’affaires nous a mené à la création de notre première offre commerciale numérique », souligne Jean Bélanger.

C’est donc ce besoin marqué au sein de l’entreprise d’être le plus autonome possible dans toute sa chaîne de production qui a façonné l’histoire de Premier Tech, de l’idée au marché.

En 2021, Premier Tech Science de la Vie a vu le jour, devenant ainsi le cinquième groupe d’affaires. « Nous avions des produits et des ingrédients naturels à valeur ajoutée qui peuvent contribuer à améliorer la santé et le bien-être des animaux et des humains. Nous avons alors débuté des travaux d’exploration et de recherche qui nous ont confirmé qu’il y avait un potentiel à ces niveaux. Nous avons pris la décision de l’annoncer, même si nous sommes encore à l’étape de l’IRD, pour avoir la crédibilité d’aller parler à des universités, à des centres de recherche et pour aller rencontrer des clients potentiels », explique le président et chef de la direction.

« Le parcours soutenu et stable de Premier Tech depuis ses débuts en 1923 est encore aujourd’hui très dynamique et porteur de grandes ambitions pour l’avenir. Somme toute, il ne devrait pas y avoir de nouveau métier avant un certain temps » affirme Jean Bélanger.

Nous allons prendre une pause pour prendre le temps de faire grandir ceux que nous avions déjà. – Jean Bélanger

Un campus semblable à une petite ville

Premier Tech traite ses eaux usées et effectue sa distribution d’eau potable sur son Campus à Rivière-du-Loup qui est comme une petite ville dans la ville de Rivière-du-Loup. Cela illustre également la volonté de l’entreprise et de ses dirigeants d’être autonomes dans toutes leurs actions.

Chez Premier Tech, l’innovation, recherche et développement représente 40 ans d’histoire.

« C’est complètement intégré à notre code génétique. Ça coule dans nos veines. Pour nous, c’est aussi naturel que de fabriquer et de vendre. C’est l’un des quatre piliers de notre croissance depuis 1990. À l’époque, Premier Tech, c’était 45 M$ de revenus annuels et 200 personnes. Aujourd’hui, en 2024, ce sont des revenus de 1 100 000 000$ grâce à l’implication de 5 200 personnes dans 28 pays. Nos 48 usines sont réparties dans 18 de ces pays. Notre croissance s’appuie sur la planification stratégique, l’innovation, les acquisitions stratégiques, notre Culture et nos Valeurs, ce sont les quatre grands piliers de notre développement », affirme Jean Bélanger.

Le plus grand centre de recherche privé de l’Est du Canada

Le vice-président principal développement corporatif, Yves Goudreau, mentionne que Premier Tech possède le plus grand centre de recherche privé dans l’Est du Canada. Uniquement sur son Campus à Rivière-du-Loup, Premier Tech compte jusqu’à 160 équipiers en innovation, recherche et développement à travers tous ses groupes d’affaires.

« Nous disposons de 40 000 pieds carrés d’aires de tests et de laboratoires. Nous avons des centres d’innovations ailleurs dans le monde aussi, en France, en Italie et aux États-Unis, selon les métiers, mais le cœur demeure à Rivière-du-Loup. Certaines de nos acquisitions où les compétences et les installations étaient déjà en place nous ont cependant permis de nous installer directement sur les lieux », ajoute M. Bélanger.

« Souvent la recherche est dictée par des cadres réglementaires. Si un produit est fait en Europe, les cadres réglementaires sont en Europe. Nos chercheurs travaillent en symbiose. Nous sommes à la fine pointe, ce qui nous pousse souvent à faire évoluer le cadre réglementaire. C’est important que les équipes de recherche locales fassent partie d’un écosystème avec les universités pour pouvoir faire évoluer les standards et les cadres réglementaires », précise M. Goudreau.

Le collaborer ensemble, un levier nécessaire à l’innovation

Un des moyens que Premier Tech utilise pour attirer et conserver les meilleurs talents est l’établissement de liens solides avec les différentes maisons d’enseignement, dont les universités. Convaincus que l’avenir, c’est le développement et le bien-être de ses équipiers, Premier Tech a vu juste en investissant dans la formation continue et en entretenant des liens cordiaux avec les universités. C’est ainsi qu’elle a consolidé une importante densité et diversité d’expertises et de compétences à l’échelle de l’organisation.

« En étant près des universités, nous avons une certaine proximité avec les étudiants. Nous faisons beaucoup de présentations dans les universités, dans les grands congrès et dans les symposiums. Cela génère des candidatures spontanées ou des gens qui répondent à un affichage de poste. Nous sommes à la fine pointe de la technologie dans nos métiers, ce qui facilite le recrutement », estime Jean Bélanger.

Le recrutement n’est qu’une première étape. Ensuite, il y a la façon d’accueillir ces gens-là et la formation continue. « Le parrainage avec des équipiers qui sont là depuis longtemps est aussi important. Il faut tirer parti de notre riche bagage de connaissances pour favoriser les échanges entre experts de différents domaines et contribuer à un enrichissement au sein même de l’entreprise », poursuit Jean Bélanger.

Yves Goudreau ajoute que les Valeurs de l’entreprise sont aussi un critère de choix pour les candidats.

« Les jeunes générations ne cherchent pas seulement un travail. Elles veulent un projet de vie. C’est ce que nous leur offrons chez Premier Tech ».

Avant-gardiste

Très singulière et à l’avant-garde dans sa vision, Premier Tech ne parle pas d’employés, mais plutôt d’équipiers. Cela traduit bien la Culture et les Valeurs de l’entreprise. « Ce n’est pas tombé du ciel comme ça. Cela fait plus de 35 ans que c’est comme ça. Le succès d’une entreprise, c’est un travail d’équipe. L’Équipe Premier Tech est formée d’inventeurs, d’opérateurs de machinerie, d’ingénieurs, de soudeurs, d’experts, de gestionnaires ou encore d’intrapreneurs. Bien que nous soyons tous uniques, nous avons la volonté commune de faire la différence. C’est un travail d’équipe », lance le président et chef de la direction.

Premier Tech a été cotée en bourses de 1987 à 2007. L’entreprise est reprivatisée depuis 17 ans. « La raison pour laquelle nous continuons de produire un rapport annuel en étant une compagnie privée est simple. On le fait pour communiquer avec nos clients et partenaires, mais surtout, avec les équipiers. L’histoire de Premier Tech est faite par les équipiers. En 2007, nous étions 1980 équipiers chez Premier Tech et chacun avait reçu son rapport annuel à son adresse personnelle, partout dans le monde avec une note manuscrite », souligne M. Bélanger.

« Ça colore nos valeurs d’être ici », affirme Jean Bélanger. Photo : Premier Tech.

Le choix de demeurer en région

Si le choix de s’implanter à Rivière-du-Loup allait de soi au départ en raison de la proximité des tourbières, la décision de Premier Tech de conserver son Siège mondial en région a souvent été remise en question.

« On s’est fait dire qu’on ne pouvait pas devenir international à partir d’une région, qu’on ne pouvait pas faire de l’IRD en région et qu’on ne pouvait pas attirer du talent en région. Nous étions prêts à prouver le contraire, leur prouver qu’ils avaient tort. Être une entreprise implantée en région donne ses couleurs à Premier Tech. Ça nous donne le goût d’être aventuriers et un peu plus batailleur. Peu importe qui désirait nous rencontrer, nos clients prenaient les moyens pour venir chercher la meilleure technologie ou le meilleur produit chez nous », explique Jean Bélanger.

Premier Tech a fait le choix de garder son Siège mondial à Rivière-du-Loup.

« Nous avons bâti une culture forte ici. Le cycle complet est sur place, de l’IRD à la fabrication, en passant par le travail de bureau. Tout se fait à Rivière-du-Loup, de l’idéation des produits jusqu’à leur service dans le marché, en passant par toutes les étapes intermédiaires. Ça nous connecte avec la réalité », poursuit le président et chef de la direction, qui assure que le Siège mondial de Premier Tech va toujours rester à Rivière-du-Loup.

Halles d’innovation et de formation avancée (HIFA)

La philosophie de l’entreprise et la vision de ses chefs d’orchestre se répercutent jusque dans les collaborations solides et le développement des humains qui font de Premier Tech une organisation marquée d’irréfutables succès. Cette vision se renvoie jusque dans le domaine de l’aluminium avec la mise en place des Halles d’innovation et de formation avancée (HIFA), qui seront très bientôt inaugurées. Un projet mis en place aux abords du Campus de Premier Tech à Rivière-du-Loup avec de nombreux partenaires, dont Premier Tech, le CEE-UQAC et le Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium (CQRDA). Yves Goudreau explique que cette implication démontre l’importance de la formation chez Premier Tech.

« C’est important pour Premier Tech d’offrir de la formation adaptée à ses équipiers afin qu’ils puissent évoluer et contribuer à élever notre savoir collectif. Nous avons une université interne qui a presque 20 ans. C’est pourquoi, lorsqu’est venu le temps de faire l’idéation d’un centre d’innovation de classe mondiale qui vise le développement des compétences, l’amélioration de la compétitivité des entreprises québécoises et l’accélération de leur transformation numérique, nous avons embarqué dans le projet. La technologie évolue tellement rapidement que nous avions besoin de pouvoir maintenir nos équipes à niveau sur place », mentionne M. Goudreau.

Les HIFA seront inaugurées le 27 juin. Photo : Premier Tech.

Jean Bélanger précise que le projet HIFA est né de réflexions entre quelques dirigeants dans le cadre de l’exercice de planification stratégique. « On regardait les entreprises canadiennes et québécoises embrasser l’innovation et leur excellence opérationnelle. Un des membres du conseil d’administration, m’a mentionné que je devrais aller voir ce qui se faisait avec le CEE-UQAC et le CQRDA en termes de recherche et d’innovation. Il m’a dit qu’on devrait collaborer avec eux. Yves (Goudreau) est donc allé voir sur place et a notamment pu échanger avec le président-directeur général du CQRDA, Gilles Déry et Louis Dussault, directeur général CEE-UQAC », relate Jean Bélanger.

Une série de rencontres entre les deux organisations a suivi à partir de 2016. La possibilité que le CQRDA et le CEE-UQAC puissent s’établir à Rivière-du-Loup a été discutée.

« Nous leur avons dit que nous étions en discussion avec la Ville et la MRC de Rivière-du-Loup pour créer un parc technologique », mentionne Jean Bélanger.

Jean Bélanger rappelle les discussions avec le CQRDA et le CEE-UQAC. « En moins d’un an, nous avons décidé de créer un organisme pour aider à accélérer la croissance de nos entreprises manufacturières par leur automatisation et robotisation ou la transformation numérique. Nous avons décidé d’y ajouter la formation autant pour l’opérateur de la machine que pour la personne qui va en faire la maintenance, le chef d’équipe, le directeur d’usine ou encore la personne qui fait la comptabilité et la gestion dans le bureau. De là est sortie la recette des Halles d’innovation et de formation avancée ».

S’allier avec des partenaires de première ligne

Une fois le concept défini, les initiateurs souhaitaient inclure un autre industriel dans le processus. Le nom de Cascades est rapidement sorti puisque cette entreprise possède des liens étroits avec Premier Tech. La suite a été de convaincre le Fonds de solidarité (FSTQ) ainsi que Desjardins de devenir partenaires.

« Si on veut attirer des entreprises qui vont avoir des projets d’investissement et/ou des startups, il nous faut du financement et de l’accompagnement. Au final, nous avons créé un maillage de maisons d’enseignement, de partenaires industriels et d’entreprises, de partenaires financiers et des gouvernements. Je ne pense pas qu’il y ait d’autres projets comme ça au Québec avec une telle diversité de partenaires », commente Jean Bélanger.

« Ce qui a été difficile, c’est que le modèle de recherche que nous avons au Canada est une pyramide inversée, c’est-à-dire que l’université et les centres de recherches sont en haut et la connaissance descend vers le bas. C’est pour cela qu’il n’y a pas de culture d’IRD dans plusieurs PME. Il fallait aussi collaborer avec les universités parce que nous pensons qu’il est important que les entreprises donnent aussi la cadence », poursuit M. Goudreau.

Élever le savoir collectif

Jean Bélanger souligne que ce sont les entreprises qui sont connectées aux marchés et qui voient les opportunités chez leurs clients. « Nous n’avons pas la prétention de dire que les PME doivent faire comme Premier Tech pour réussir. Nous partageons candidement ce qui marche pour nous. Nous acceptons toujours de parler de notre philosophie pour l’innovation. Chez Premier Tech, nous faisons de la recherche sur comment faire de la recherche. Nous essayons d’être généreux lorsque nous avons des demandes pour aller partager notre parcours et notre expertise. Tant mieux si ça peut aider d’autres entreprises, mais ce n’est pas parce que ça marche chez nous que ça marche partout. Ça dépend des ingrédients de base et de la culture de chaque entreprise. Ce que je dis lors de mes conférences, c’est inspirez-vous, mais faites-le à votre couleur, avec ce qui vous anime ».

« Comme entreprise, nous avons intérêt à faire évoluer notre écosystème. Chez Premier Tech, on fait beaucoup de recherche et on amène nos partenaires à évoluer eux aussi », indique Yves Goudreau.

« Nous aimons croître avec nos équipiers en relevant continuellement le niveau de jeu de l’ensemble de notre équipe, nous sommes capables d’offrir à nos équipiers une formation adaptée » explique Yves Goudreau. Photo : Premier Tech.

Les HIFA seront inaugurées le 27 juin. Cependant, elles sont en service depuis quelques semaines déjà. L’annonce du projet a été faite en février 2022, et le chantier de construction a débuté en janvier 2023.

« Le bâtiment est prêt depuis quelques semaines. Les équipes sont déménagées après avoir été hébergées chez Premier Tech. Nous avons déjà un projet en cours. Nous sommes très contents. La demande prouve que nous avions raison. Ça va tellement bien qu’il va falloir bientôt commencer à penser à la phase 2 », mentionnent Jean Bélanger et Yves Goudreau.

L’aluminium, un incontournable

Premier Tech utilise l’aluminium dans la conception de nombreux équipements. « Dès que tu as besoin de pièces en mouvement, l’aluminium devient très souvent le meilleur matériau à utiliser. L’aluminium est très présent dans notre secteur des systèmes automatisés. Chez Premier Tech Producteurs et Consommateurs, il se fait des recherches pour des emballages du futur encore plus recyclables qui pourraient utiliser de l’aluminium au lieu du polyéthylène. L’aspect économie circulaire et sa recyclabilité favorisent l’utilisation de l’aluminium », indique Jean Bélanger, pour qui le poids, le design et la résistance à la corrosion sont les principaux avantages de l’aluminium par rapport aux autres matériaux.

Le carbone pourrait être une alternative à l’aluminium, mais il est beaucoup plus dispendieux.

« L’aluminium peut être usiné et travaillé. Il se recycle très bien », souligne-t-il.

Le président-directeur général du CQRDA, Gilles Déry, renchérit que l’aluminium vert s’en vient. Yves Goudreau abonde dans le même sens : « Il faut toujours voir plus loin, notamment les nanotechnologies. On sait que ça s’en vient et il faut s’y préparer ».

Tournée vers l’avenir

Bien que l’entreprise vienne tout juste de fêter ses 100 ans, l’Équipe Premier Tech est déjà tournée vers l’avenir. « Au moment où nous avons fêté nos 100 ans, j’ai mentionné que nous n’étions pas vieux de 100 ans, mais plutôt que nous étions jeunes de 100 ans. C’est toute une différence. Être vieux de 100 ans, ça laisse entendre qu’on peut être dépassé, mais être jeunes de 100 ans, ça veut dire que nous sommes encore au début et que le plaisir commence. Nous avons désormais une masse critique de métiers et de compétences, et nous avons une reconnaissance », lance tout sourire Jean Bélanger.

Jouer pour gagner

« Il y a 30 ans, les gens ne nous prenaient pas au sérieux lorsque nous avons ouvert notre secteur des systèmes automatisés et qu’on se présentait à des entreprises pour leur vendre nos produits. L’avenir chez Premier Tech, c’est un équilibre entre l’innovation et la formation, tout en gardant l’humain au cœur de tout cela, qu’il soit un équipier, un partenaire ou un client. L’avenir, c’est aussi de protéger les éléments clés de notre recette, tout en restant très ouverts, jeunes d’esprit et vifs pour saisir les opportunités et se remettre en question. »

« Il ne faut jamais se laisser dénaturer et essayer de toujours chercher à se bonifier » rappelle Jean Bélanger. Photo : Premier Tech.

Avec conviction et une gestuelle affirmée, Jean Bélanger enchaîne en précisant que la clé de la réussite, c’est de ne pas se dénaturer, mais de pouvoir progresser et continuer de se bonifier. « Il est possible de faire tout cela à partir de Rivière-du-Loup. La preuve, c’est HIFA. On veut faire un parc technologique. Certains nous ont dit qu’on allait perdre des équipiers, mais nous pensons que la présence d’entreprises en innovation sur notre territoire nous sera bénéfique. Par exemple, ça peut permettre de placer des conjoints ou des conjointes de nos équipiers. Le beau pari, c’est de dire que nous allons en gagner plus que nous allons en perdre. On veut faire grandir la région. En conclusion, pour nous le futur, c’est de continuer de livrer de la valeur à nos clients », affirme Jean Bélanger, confiant pour l’avenir.