par Céline Normandin
Depuis 1991, l’entreprise de Lac-Mégantic réalise les projets les plus divers, mais le nouveau plan d’affaires instauré depuis trois ans vise à pousser encore plus loin les défis qu’elle relève dans la transformation et l’usinage de l’acier et de l’aluminium.
Métal Laroche a de grandes ambitions pour les prochaines années, révèle en entrevue Alex Poulin, gestionnaire dans l’entreprise de Lac-Mégantic. Si l’entreprise a toujours voulu se dépasser, cette fois-ci, elle prend toutes les mesures pour y arriver.
Le nom n’est peut-être pas aussi connu qu’il le devrait, mais c’est elle qui se cache derrière la fabrication de pièces en acier ou en aluminium pour des éoliennes ou des pièces sur tour de 15 pieds pour des secteurs variés tels que l’alimentaire, le maritime, l’hydroélectrique, ou la sécurité incendie.
Métal Laroche est avant tout une entreprise de la région qui a grandi en fonction des besoins locaux en fabricant de l’équipement en acier, principalement pour le secteur de la transformation du bois à ses débuts, raconte M. Poulin. Elle a fusionné au début des années 2000 avec Les Quais du Phare, produisant des quais, et combine toujours aujourd’hui ces deux lignes d’activités. Les Quais du Phare, qui compte une aire de distribution allant de l’Ontario jusqu’aux Maritimes, représentant 40% du chiffre d’affaires total.
Une stratégie proactive pour atteindre la croissance
Le président actuel de Métal Laroche, Alexandre Lacroix, a repris l’entreprise en 2010, et depuis 2022, de nouveaux actionnaires se sont joints à l’aventure, dont M. Poulin. Ils ont adopté un plan de croissance quinquennal ayant pour but de faire valoir l’expertise de l’entreprise estrienne au-delà de ses secteurs traditionnels pour débusquer de nouveaux clients. L’entreprise a connu un certain ressac dans l’après-covid, confie M. Poulin, surtout du côté des produits destinés aux consommateurs. L’équipe de direction a décidé de ne pas attendre de voir son carnet de commande se dégarnir complètement avant d’agir et a pris le taureau par les cornes. C’est le défi qui convient aussi à la culture d’entreprise. « On a les limites qu’on se donne et l’équipe ici carbure aux défis. On n’aime pas s’ennuyer. »
Un des premiers gestes posé a été de faire l’acquisition d’un robot-soudeur. L’équipe a également racheté l’usine adjacente ayant déclaré faillite et dont les bâtiments ne dataient que de 2014. Les activités de Métal Laroche ont été déménagées dans ces nouveaux locaux plus grands et modernes, ce qui était devenu une nécessité devant l’étroitesse de l’usine de Métal Laroche et l’inexistence de terrain pour agrandir. Preuve que le plan mis en place fonctionne, les locaux connaitront un agrandissement cet été qui doubleront la superficie actuelle, la faisant passer de 14 400 pieds carrés à plus de 21 600 pieds carrés.
Accueillir les défis et signer les clients
M. Poulin décrit l’équipe comme ayant la « nervosité un peu facile ». « On est versatile et on ne refuse pas grand-chose », dit-il. Interrogé à savoir comment on met en place une chasse aux clients, il indique que le téléphone est son principal outil. « On se met au téléphone et on cherche. On est toujours à l’affut pour des projets. On se positionne comme étant capable de faire des projets d’envergure, comme dans le créneau des projets en génie civil qui demandent un niveau de précision élevé ».
L’équipe est aidée dans sa stratégie par « d’excellents partenaires », ajoute M. Poulin. Si Métal Laroche n’est pas le concepteur des pièces à fabriquer, l’équipe les comprennent très bien. L’entreprise a noué au fil des ans des relations de confiance avec des clients, tels que le bureau d’ingénierie MSP Structures pour qui ils réalisent la quasi-totalité des projets depuis 2019.
Métal Laroche soigne ses relations avec ses clients. « On la même philosophie, le même type de relations avec nos clients qu’on a avec notre personnel. 95% de nos clients font affaire de manière continue avec nous (repeat business) ». Les projets sont également menés en co-développement. « On veut trouver la meilleure solution. Si on veut rester compétitif, il faut être attentif aux besoins de nos clients, tout en demeurant rentable. C’est comme ça qu’une relation à long terme se construit. »
Miser sur le savoir et les compétences du personnel
Pour réaliser ses projets, l’entreprise peut compter sur des atouts non négligeables, soient des employés polyvalents et des ressources qui peuvent être réaffectées selon les besoins, souligne M. Poulin. L’entreprise compte 17 employés, dont un dessinateur et des soudeurs, et au besoin, l’entreprise a recours à un ingénieur à l’externe. La plupart sont des gens ayant comme expérience l’usinage conventionnel. « C’est du monde qui ont vu neiger », illustre M. Poulin.
Certains des travailleurs sont à l’emploi de Métal Laroche depuis de nombreuses années. Le secret de cette permanence? Les traiter comme la famille.
« Ils sont impliqués dans les solutions et dans tout le processus », ajoute le gestionnaire. C’est aussi une question d’ambiance de travail, puisque les employés ont la possibilité d’utiliser les locaux et les équipements afin de mener à terme des projets personnels. La direction peut aussi mettre la main à la pâte, au besoin. « Quand ça chauffe, on va sur le plancher. On veut être sûrs de livrer les projets à temps et garantir la qualité de ce qu’on livre, c’est primordial. »
Miser sur l’aluminium
Tel que mentionné plus tôt, si la partie usinage de Métal Laroche va bien, les activités de Quai du Phare connaissent un ralentissement lié à l’après pandémie. L’objectif du plan d’affaires est de maintenir la croissance de cette division, malgré les difficultés. C’est dans ce contexte que l’équipe de Métal Laroche voit un potentiel à exploiter avec l’aluminium.
« On veut prendre notre expertise pour l’aluminium et l’amener ailleurs, vers de nouveaux marchés », indique M. Poulin. « On milite fort pour que l’aluminium soit plus présent dans les bâtiments au Québec où l’acier galvanisé occupe beaucoup de place », selon le gestionnaire.
Il faut mettre davantage de l’avant ce matériau à l’identité québécoise forte, comme le bois, en défaisant certains mythes et croyances, autant auprès des urbanistes que des ingénieurs, croit M. Poulin.
« C’est un produit québécois [l’aluminium], facile à travailler, durable et recyclable. »
Le contexte se prête aussi à mettre de l’avant une fibre patriotique en favorisant des produits d’ici, comme l’aluminium, en raison des tarifs sur les droits de douane imposés par les États-Unis. « Tout est là pour une prise de conscience collective et montrer qu’on peut en faire plus », conclut M. Poulin.


