Skip to main content
par Isabelle Simard

Si la fonderie fait partie des premiers métiers de l’homme, cette industrie millénaire a grandement évolué pour s’adapter aux défis de la société moderne. Pour Paber Aluminium, ces défis se traduisent par l’automatisation et la robotisation, un virage technologique lui permettant de gagner en efficacité, santé et sécurité.

L’entreprise familiale a débuté ses opérations en 1981 à Cap-Saint-Ignace, dans la région de Chaudière-Appalaches. Spécialisée dans la fabrication de composantes d’aluminium, elle s’est taillé une place de chef de file nord-américain dans son secteur d’activité.

Dans son usine de 100 000 pieds carrés, qui emploie 125 travailleurs, Paber Aluminium fabrique sur commande des pièces d’aluminium qui sont utilisées à l’échelle internationale, principalement dans les domaines de l’énergie, du médical et de la défense. À titre d’exemple, l’entreprise fabrique une dizaine de composantes pour des équipements en mammographie. Dans le domaine de la défense, elle est accréditée par le Programme des marchandises contrôlées du gouvernement du Canada pour la fabrication de pièces d’aluminium destinées à des équipements militaires.

Paber Aluminium étend son champ d’expertise dans plusieurs autres secteurs, notamment celui du transport, de la construction et du domaine récréatif. Elle conçoit des pièces dont le poids peut varier de quelques grammes à une tonne.

Paber est l’une des premières fonderies nord-américaines à avoir obtenu la certification de son système de contrôle de qualité, laquelle lui a ouvert une porte vers l’exportation. Elle est certifiée ISO 9001 depuis 1994. Ses exportations représentent aujourd’hui près de 60 % de son chiffre d’affaires annuel, estimé à 23 $ millions.

Des installations à la fine pointe

« La fonderie est une industrie qui relève d’un art ancien. Depuis des milliers d’années, les gens font fondre des métaux et les coulent dans du sable. C’est une technique de base traditionnelle, artisanale. Il faut maintenant l’automatiser et parfois même la robotiser. Nous n’avons pas encore de robot pour la coulée, mais c’est dans nos projets », explique Geneviève Paris, vice-présidente logistique, stratégie et communication chez Paber Aluminium.

La robotisation comporte des avantages en termes de temps, de santé et de sécurité, estime Geneviève Paris, vice-présidente logistique, stratégie et communication chez Paber Aluminium.

L’entreprise a élargi ses services au fil des années pour répondre aux besoins toujours plus pointus de sa clientèle internationale ainsi qu’aux exigences du marché. Son département d’usinage emploie à lui seul 40 personnes. Une quinzaine d’équipements d’usinage à commande numérique sont utilisés pour machiner les pièces coulées. La construction d’une nouvelle usine fait aussi partie du plan d’expansion de Paber Aluminium, dont l’usine actuelle située au Cap-Saint-Ignace fonctionnera à pleine capacité dès le début 2024.

L’arrivée des robots

Si le virage vers la robotisation a été une transformation majeure dans la façon de travailler chez Paber, la transition s’est faite en douceur et dans le respect des travailleurs habitués à exécuter leurs tâches de façon manuelle.

Les robots peuvent effectuer des tâches répétitives et fastidieuses pour les opérateurs, permettant d’alléger leur travail et améliorant par le fait même leur sécurité. Le premier robot a fait son entrée chez Paber il y a cinq ans.

« Un très gros robot, très fort et très puissant, destiné à la coupe et à l’ébavurage. Ce robot coupe en cinq minutes ce qu’un travailleur, avec les installations que nous avions avant, coupait en deux heures. La robotisation permet un gain en temps, en santé et en sécurité, pour la forme physique et le bien-être du travailleur », souligne Mme Paris.

Ce robot destiné à la coupe et l’ébavurage a été conçu en Allemagne. Le programme utilisé pour l’opérer provient d’Italie.

En 2022, Paber Aluminium a fait l’acquisition de deux autres cellules robotisées de plus petites tailles utilisées pour le sablage des pièces. Un quatrième robot a été déployé dans le département d’usinage afin d’alimenter l’équipement d’usinage de façon automatique.

La robotisation a été bien accueillie par les employés de l’usine. « Cependant, nous pensions qu’il y aurait davantage de volontaires pour opérer les robots. Les gens sont habitués à travailler physiquement. Ils se valorisent à travailler de leurs mains. Avec un robot, c’est différent, ils travaillent devant un écran, ils regardent par la fenêtre pour valider leur travail. La réalisation de soi se fait autrement, mais le travail est tout aussi important ».

Si la robotisation comporte de nombreux avantages, elle apporte aussi son lot de défis. « Cela prend des techniciens pour programmer les robots, ainsi que des techniciens électromécaniciens pour la maintenance régulière, car ce sont des équipements qui doivent être bien entretenus. Il faut que nos systèmes informatiques soient assez puissants pour soutenir les robots et les programmes. C’est accessible, mais il ne faut pas penser qu’on déballe le robot, qu’on le branche et que c’est parti ! Cela prend un plan, une équipe et de la patience ».

Place à l’automatisation

L’automatisation des processus est un autre virage important pour Paber Aluminium, qui a fait l’acquisition de deux équipements de moulage pour deux types de procédés de production.

Cet appareil permet de couler l’aluminium de façon automatique.

Le premier équipement de moulage, semi-automatisé, nécessite quelques manipulations de la part de l’employé.

Le second équipement de moulage est entièrement automatisé. « Avec cet équipement, alors qu’un travailleur met 10 minutes à faire un moule selon un certain format, la machine prend une minute. Le travailleur n’a pas à forcer ni à tourner le moule avec ses bras. Il n’a pas à prendre un outil pneumatique pour compacter. Ces tâches se commandent à l’aide d’un écran tactile. Puis, l’employé s’assure que le moule a été bien produit par la machine », décrit Mme Paris.

Contrôle du « casting », de A à Z

Pour offrir des services complets de moulage d’aluminium, Paber doit disposer d’équipements à la fine pointe de la technologie. L’entreprise dispose notamment d’un scanneur 3D et d’un appareil de radiographie en temps réel (le plus gros en Amérique du Nord).

Sa plus récente acquisition consiste en un tout nouveau spectromètre. « Nous avions un spectromètre avant, mais avec la nouvelle technologie, il est beaucoup plus facile et rapide d’accéder aux données », précise Mme Paris.

Un système de codification permet d’identifier sur chacune des pièces la journée de coulée, de relier au bon de travail et donc de suivre toutes les étapes de fabrication pour chacune des pièces produites. Un traitement thermique est ensuite effectué sur les pièces selon la recette de fabrication, suivi de tests permettant une analyse mécanique. Des rapports de mesure sont produits tout au long de l’étape d’usinage, en plus d’un rapport final.

« Ce contrôle du casting  (de moulage) de A à Z est primordial et nous permet de nous assurer de livrer un produit conforme aux attentes du client ».

Les défis de la main-d’œuvre

Paber Aluminium a trouvé un équilibre entre l’automatisation et l’emploi humain. La pénurie de main-d’œuvre demeure toutefois un enjeu majeur pour l’entreprise, qui mise sur le recrutement international pour utiliser à son plein potentiel les nouvelles technologies et réaliser ses objectifs de croissance.

« Ma lueur d’espoir passe par le recrutement international. Actuellement, 20 % de nos employés sont des travailleurs étrangers. Ils sont originaires de Colombie, des Philippines, du Brésil et du Mexique. Certains ont des permis de travail, d’autres sont de nouveaux résidents permanents ou encore des demandeurs d’asile. Nous accueillerons 25 nouveaux travailleurs d’ici la fin de 2023 ».

Un scanner laser 3D est utilisé pour relever et numériser les informations des pièces.

Le recrutement international peut représenter un défi de logistique lié à la formation de la main-d’œuvre et à son accompagnement. Geneviève Paris se réjouit de pouvoir compter sur des organismes communautaires tels que Montmagny Accueil qui offre divers services d’intégration aux travailleurs étrangers.

« Tous ces travailleurs amènent une culture souriante et volontaire au travail, une belle énergie positive qui contamine positivement leurs collègues de travail », se réjouit-elle.