par Jonathan Thibeault
Si la fusion a permis à MECFOR et Advanced Dynamic d’unir leurs forces pour solidifier leur présence sur le marché, celle-ci aura également permis à la nouvelle entité EPIQ Machinerie de vivre une croissance marquée au cours des dernières années. Comment se porte l’entreprise depuis la fusion accomplie à la fin du deuxième trimestre de 2021? Tour d’horizon avec la chef de la direction, Éloïse Harvey.
Opérant plusieurs divisions industrielles spécialisées principalement dans la fabrication d’équipements destinés notamment aux industries des pâtes et papiers, de l’aluminium et ferroviaire, EPIQ Machinerie a su tirer adéquatement son épingle du jeu au cours des deux dernières années. À la tête de l’organisation, Éloïse Harvey croit que cette fusion stratégique contribue à renforcer le positionnement des deux anciennes organisations, qui opèrent désormais sous la même gouverne. « La croissance d’EPIQ est soutenue. Depuis l’intégration de nos différentes unités organisationnelles, nous avons connu une croissance de 30 % la première année et d’un autre 25 %, anticipé pour 2023. Ça se traduit par une augmentation des embauches de l’ordre de 25 % en 2022, portant ainsi le nombre d’employés à 250 personnes. En fin de compte, cette fusion aura été gagnante pour tout le monde et notre objectif est de poursuivre les acquisitions stratégiques pour demeurer compétitifs en Amérique du Nord et dans le monde », explique la femme d’affaires.
Devenir plus attrayant pour la main-d’œuvre spécialisée
Pour plusieurs spécialistes, le fait de travailler au sein d’une entreprise de plus grande taille leur procure un meilleur sentiment d’accomplissement professionnel. Si les deux anciennes entreprises, désormais fusionnées, n’avaient pas d’énormes difficultés pour recruter leur main-d’œuvre, la chef de la direction affirme que le fait d’avoir des unités opérationnelles plus structurées contribue au recrutement d’experts dans leurs domaines. « Nous cherchons à avoir une équipe multidisciplinaire. Auparavant, dans une ambiance plus PME, les employés avaient à porter plusieurs chapeaux. Désormais, notre vision est de recruter la bonne personne pour le bon poste et de réduire l’accumulation des fonctions. Ça permet d’être plus productifs. On recherche de l’expertise pour avoir des gens dédiés dans leurs fonctions afin de devenir une meilleure compagnie. Par exemple, une personne spécialisée en SST ou en innovation ne touchera qu’à sa spécialité et à rien d’autre. »
Usine en Inde
EPIQ possède, en plus de ses installations de production en Amérique du Nord, une usine de production de qualité nord-américaine en Inde pour satisfaire ses carnets de commandes. Ce serait aussi, selon Éloïse Harvey, une solution propice pour répondre aux besoins de futures entreprises qui pourraient intégrer la structure organisationnelle à moyen ou à long terme. « Nous avons neuf ans d’expérience de fabrication en Inde. On a réussi à importer nos procédures et nos processus. C’est exceptionnel la qualité qu’il est possible d’en tirer. On est en train d’acheter un terrain sur lequel on va doubler la capacité de production pour combler nos besoins de croissance et aussi pour offrir nos planchers de production à nos partenaires, qui aimeraient bénéficier de cette capacité à coût moindre mais à qualité égale », soutient Mme Harvey.
En plus de cette augmentation de capacité de production, l’usine de Saguenay, qui fabrique principalement les équipements de marque MECFOR, augmentera prochainement sa superficie. « On vient presque doubler notre capacité de production à Saguenay. La production étant le soudage, l’usinage et l’assemblage, on viendra ajouter le découpage et le pliage. Il s’agira de nouvelles spécialités pour notre site de Saguenay. Notre volonté est de s’autonomiser afin de réduire la dépendance à la sous-traitance », poursuit-elle.
Véhicules autonomes entièrement électriques
Parmi les spécialités pointues de l’entreprise, il y a le développement de véhicules industriels autonomes et électriques. La ligne de produits EPIQ MECFOR possède une longue feuille de route en matière de conception d’équipements mobiles destinés à plusieurs industries, dont celle de l’aluminium. Sous peu, il y aura un véhicule entièrement électrique en essai à l’intérieur d’une aluminerie Rio Tinto du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Éloïse Harvey croit que ce projet pilote permettra d’analyser les performances du transporteur, tout en donnant lieu à un joueur industriel de découvrir les avantages de cette technologie du futur, notamment du côté environnemental, puisque les véhicules actuels sont alimentés au diesel. « On est à l’aube de l’électrification de notre flotte de véhicules industriels. D’ailleurs, avec Rio Tinto, on va accélérer cette aventure-là. L’entreprise a besoin de véhicules qui doivent avoir beaucoup de puissance. Certains véhicules qui sont actuellement munis de cabines pour des conducteurs pourraient très bien devenir autonomes et électriques. En retirant une cabine de contrôle, les besoins énergétiques seraient moins grands. En fin de ligne, ça améliore la productivité d’une usine, tout en réduisant le recours au carburant, un enjeu entièrement dans l’ère du temps », rappelle-t-elle.
Dans l’optique d’accélérer le déploiement de cette technologie de véhicules autonomes, l’entreprise a plutôt opté pour une association stratégique avec une firme d’Espagne afin d’utiliser les meilleures technologies au lieu de développer une nouvelle plateforme, ce qui aurait pris plus de temps. « Ma vision est de créer une synergie pour incorporer dans des solutions globales des équipements EPIQ, tout en étant capable d’aller chercher des machineries ou des technologies d’autres équipementiers afin de permettre à nos clients de profiter des meilleures solutions sur le marché. Ces partenariats-là favorisent la création de relations, notamment dans le domaine des véhicules autoguidés. Maintenant, nous avons un partenaire en Espagne pour le développement des véhicules électriques mais aussi pour notre gamme AGV. Grâce à ce partenariat, on accélère le développement des véhicules autonomes dans un marché encore un peu gêné. On prend les devants, car le jour où l’industrie sera prête, ça ne sera plus le moment pour se préparer », croit l’entrepreneure.
Une vision mondiale
La croissance est dans les acquisitions et partenariats, nous rappelle Éloïse Harvey. Des discussions sont toujours en cours avec des joueurs afin de les intégrer à l’intérieur de la structure bien huilée d’EPIQ Machinerie. « Pour certains, nous irons d’un partenariat stratégique et ça pourrait mener vers une intégration après quelques années; pour d’autres, c’est une négociation pour l’acquisition ou une participation dans l’actionnariat. Notre vision se tourne résolument vers une croissance verticale dépassant les frontières nord-américaines. »
Pour Éloïse Harvey, l’heure est maintenant à la solidification de sa présence sur les marchés mondiaux. « On veut développer la diversification par industrie et par géographie. Dans le passé, on exportait beaucoup en envoyant des vendeurs sur la route ou en assurant un service local par un distributeur ou un partenaire. Ce qu’on a vu dans les dernières années, c’est une pression sur le Made in America, Made in India. On voudrait pouvoir affirmer vendre des équipements qui ont des contenus locaux dans l’équipement et la fabrication partout où on se trouve. En étant très actifs en Inde, au Moyen-Orient, aux États-Unis et en Europe, on se doit de créer des branches complètes, c’est-à-dire d’avoir une présence ingénierie, fabrication, service après-vente. Évidemment, chaque branche aura la possibilité d’être en contact avec nos experts de partout dans le monde. On veut pouvoir offrir la totale à tous nos clients », de conclure la femme d’affaires.