par Céline Normandin
Les vélos faits au Québec ont dû trouver leur niche pour se démarquer dans un marché qui s’est mondialisé depuis 30 ans, mais plusieurs ont réussi à faire leur marque.
Vélo à pneus surdimensionnés (fatbike), vélo de gravel (gravel bike), vélo hybride, vélo à assistance électrique, vélo de montagne, Bixi et tutti quanti. Aujourd’hui, les consommateurs ont l’embarras du choix quand vient le temps de pratiquer le vélo, qu’ils soient à la recherche de sensations fortes ou d’un loisir à pratiquer en toute simplicité. L’accès au sport n’est plus un problème avec les vélos à assistance électrique puisque l’effort est partagé ou complètement pris en charge par la batterie dont ils sont équipés.
Le Québec compte plusieurs entreprises qui se démarquent dans l’industrie, en passant des vélos haut de gamme aux équipements destinés aux vélos. Toutes utilisent des composantes faites en aluminium. En voici quelques-unes.
Cargone
Cargone est un exemple parfait de la révolution qui s’opère non seulement en transport à vélo, mais dans le concept même de la mobilité active. Encore peu utilisé au Québec, le vélo cargo est pourtant en vogue en Europe où il a le vent dans les voiles. Il se vendrait même autant de vélos cargos que d’automobiles en Allemagne!

Photo : Courtoisie Cargone
L’électrification des vélos cargos a fait en sorte d’élargir leur utilisation et d’envisager le remplacement des camions de livraison. Un projet en route à Montréal (projet Colibri) depuis 2019 a permis de constater leur efficacité avec 130 000 livraisons, soit 80 tonnes d’émissions de CO2 évitées, et 130 000 km et 16 000 heures de camions évités, avec un objectif de 500 000 livraisons en 2023.
Le fondateur de Cargone, Sébastien Jutras, est un converti de longue date. Il utilise depuis plus de dix ans un vélo cargo pour son usage personnel. L’ingénieur biomédical l’avait bricolé lui-même en utilisant l’acier. C’est en voyant une entreprise commercialiser un vélo cargo semblable à son modèle qu’il s’est rendu compte de son potentiel.
L’entrepreneur a débuté ses travaux avec un financement obtenu grâce à une présentation faite au CQRDA deux jours avant le confinement du 13 mars 2020. Aujourd’hui, Cargone s’apprête à présenter la dernière version de son vélo cargo. Elle mise sur ce dernier modèle pour débuter ses ventes cet été avec une cible de 100 vélos pour 2023. L’organisation vise tout d’abord les familles avec en arrière-plan le secteur commercial.
L’aventure n’a pas été de tout repos. Sébastien Justras a réalisé un projet 100 % pandémie comme il le dit. Il avait déjà au départ l’intention de fabriquer un vélo entièrement fait ici. Les problèmes contractuels avec l’Asie depuis trois ans ont confirmé son choix de rediriger complètement la production au Québec. « C’est la meilleure décision que j’ai prise. J’ai plus de contrôle en faisant les choses ici. » Il est fier de ce qu’il présente et surtout, convaincu de l’avenir du vélo cargo électrique qui a le potentiel « de changer la mobilité en Amérique du Nord et au Québec ».
Cycles Devinci
Cycles Devinci roule sa bosse depuis 1987. L’entreprise de Chicoutimi est maintenant le plus important manufacturier de vélos de masse au Canada. Elle produit d’ailleurs toujours une partie de ses vélos dans la région. « Les trois dernières années ont présenté d’importants défis, mais on a réussi à démontrer qu’on avait un modèle d’affaires performant », déclare le directeur général Francis Morin, à la barre de l’entreprise depuis mars 2020.
La pandémie a tout de même amorcé une réflexion au sein de Cycles Devinci. « La tendance est au rapatriement de nos plateformes stratégiques », signale le dirigeant en parlant des vélos de montagne standards et électriques et des vélos en libre-service électriques. « C’est vraiment, les deux créneaux où on se concentre le plus pour avoir le plein contrôle sur notre fabrication et notre assemblage ».

Francis Morin, Directeur général chez Cycles Devinci
Devinci veut aussi relever deux enjeux importants pour elle : la durabilité, dans son sens environnemental, et l’inclusion. Dans le premier cas, l’aluminium prend un rôle de premier rang puisque les ventes de la PME sont surtout en Amérique du Nord, tandis que dans le second, elle vise à produire des vélos de haute qualité tout en étant accessible à tous.
Pour ne pas faire de compromis sur la qualité, Devinci a investi, entre autres, dans l’automatisation de sa chaine de production au Saguenay. Elle est en voie d’atteindre son but de doubler sa capacité de production. Elle a acquis une découpe au laser et installé une troisième ligne d’assemblage. « Ce que j’essaie de mettre en place avec nos équipes c’est de garder notre expertise et de créer un certain momentum pour devenir un leader en fabrication en Amérique du Nord. » D’ailleurs, 100 % de la fabrication de vélos à double suspension, à la fois standard et électrique, sera réalisée au Québec, un « changement énorme » pour l’entreprise, mentionne M. Morin.
Le créneau des vélos en libre-service a pris de l’ampleur dans les dernières années. Devinci a livré des Bixi à Montréal, Québec, Honolulu et Buenos Aires, et bientôt Madrid, qui sera équipée avec 8250 vélos électriques produits au Québec par Devinci. Avec ce segment, 70 % de la production de vélos de l’entreprise est fabriquée en aluminium. « On croit fortement à l’aluminium pour des raisons de durabilité, d’environnement, de contrôle sur nos opérations nord-américaines, mais aussi pour la capacité à automatiser la production ».
Louis Garneau Sports
Fondé il y a 40 ans par le cycliste professionnel Louis Garneau, le fabricant de vélos de St-Augustin-de-Desmaures s’est diversifié dans son offre, mais compte toujours des bicyclettes parmi son catalogue. Les années n’ont pas toujours été faciles : l’entreprise a dû se restructurer en 2020 pour éviter la faillite. Elle vient de lancer une nouvelle gamme de vélos pour enfant ultralégers, vendus exclusivement en ligne au Canada et aux États-Unis. Les cadres sont en aluminium, un matériau choisit pour sa légèreté et sa robustesse.
Moose Bicycle
Créé par trois amis à Gatineau en 2013, Moose Bicycle a rapidement taillé sa place dans l’industrie du cyclisme. Située maintenant à Cowansville, Moose Bicycle se spécialise dans le vélo urbain et le fatbike avec un objectif clair, celui d’augmenter le nombre d’adeptes du vélo hivernal urbain. Ils vendent directement aux clients dans un esprit de vendre des vélos abordables dans le monde entier. Ils sont passés de 50 unités vendues en 2014 à 4000 en 2022.
MOS Racks
L’année 2023 sera enfin l’année de l’aboutissement pour la société née d’un projet d’un week-end en 2015. Les deux fondateurs de l’entreprise se sont rencontrés lors d’un Startup Week-end à Québec qui a vu naître l’idée à la base du Mos UpLift, un support à articles de sport articulé, fait en aluminium, qui descend sur le côté du véhicule, permettant un accès plus facile.
Comme le raconte Joey Hébert, un de deux fondateurs et président de la PME, la route de MOS racks a été parsemée de difficultés. Malgré une apparition remarquée en 2019 à l’émission Dans l’œil du dragon à Radio-Canada, un problème de fournisseurs en Asie a fait dérailler la fabrication du produit. La pandémie a par la suite mis sur pause les démarches pour toutes les raisons communes aux PME pendant la pandémie : problème dans la chaine d’approvisionnement, hausse des coûts, fermeture d’usines, etc.
Il semblerait que cette fois-ci soit la bonne puisqu’après plusieurs années de recherche et développement. MOS Racks attend une première livraison de 450 supports qui arriveront début mai du Vietnam où une partie de la production est réalisée pour une question de coûts. L’objectif est pour l’instant d’écouler cette première livraison au Québec, l’Ontario, les Maritimes et la Colombie-Britannique. Dans un deuxième temps, le but est de doubler et même tripler les ventes dans les deux prochaines années en distribuant le Mos UpLift à l’Amérique du Nord.
Opus Bike
Basé à Montréal depuis plus de 20 ans, Opus Bike s’est bâti une belle réputation, autant pour les vélos de ville, de route, de sentier ou junior avec plus de 100 modèles à son actif. Souhaitant s’ajuster aux particularités de l’Amérique du Nord, la compagnie propose des produits pour toutes les températures. Plusieurs des vélos sont assemblés à la main au siège social de Montréal. Opus a décidé d’intégrer des cadres et des fourches en aluminium à leurs gammes junior. « Parce qu’il est plus léger, le vélo en aluminium se pilote plus facilement, procure un meilleur roulement, un démarrage plus efficace, et un freinage instantané », précise l’entreprise qui apprécie également la longévité du matériau, puisqu’il ne rouille pas.
Velec
Velec a réussi à se tailler une place de choix dans le véhicule à assistance électrique (VAE) depuis 18 ans. Déménagée de Verdun à Saint-Bruno-de-Montarville tout récemment, elle a encore augmenté sa fabrication de vélos électriques. En 2021, elle comptait 50 000 vélos vendus au Canada et aux États-Unis depuis ses débuts.
Yulbike
Yulbike est un projet développé en 2017 avec pour mission de démocratiser le transport urbain électrique. Installée dans l’ancienne usine de Cadbury à Montréal, 80 % des ventes se font directement aux consommateurx. La particularité d’un Yulbike est sa batterie invisible, intégrée au cadre en alliage d’aluminium. Six gammes de vélos électriques sont vendues par l’entreprise.