par Jonathan Thibeault
Exporter représente une opportunité de croissance, mais implique aussi des défis logistiques importants. Une planification rigoureuse est essentielle pour éviter les erreurs coûteuses et assurer des opérations fluides. Transport, formalités administratives, gestion des délais : chaque étape doit être anticipée pour éviter les imprévus.

Nadine Brassard, présidente de Commerce International Québec, souligne l’importance pour les entreprises québécoises de bien comprendre les enjeux douaniers et d’explorer la diversification des marchés. (Photo: Prayanama)
Exporter aux États-Unis ou ailleurs ne suit pas les mêmes paramètres d’une place à l’autre. « Une bonne compréhension des processus douaniers et logistiques est essentielle pour éviter les mauvaises surprises », souligne Nadine Brassard, présidente de Commerce International Québec, également commissaire à l’international et directrice générale de SERDEX.
Avant même d’expédier un produit, plusieurs étapes doivent être franchies : obtenir un numéro d’entreprise à l’exportation, identifier un courtier en douane et s’assurer de bien connaître son rôle et ses responsabilités. «Les formalités administratives peuvent être un frein, mais une bonne préparation permet d’anticiper les exigences et de sécuriser ses transactions», ajoute-t-elle.
L’un des aspects souvent négligés concerne les codes harmonisés (HS). Ces codes déterminent les droits de douane applicables et l’accès aux accords de libre-échange. « Il est primordial de bien connaître les règles d’origine pour bénéficier des réductions tarifaires. Une erreur peut entraîner des frais inattendus », prévient Mme Brassard.
Gérer les coûts et anticiper les délais
Une transaction ne s’arrête pas à la signature d’un contrat. « Le véritable travail commence après la vente. Il faut penser à la logistique d’expédition, aux incoterms, au transport et aux assurances », explique Mme Brassard. Les incoterms définissent la répartition des coûts et des risques entre le vendeur et l’acheteur. Les maîtriser permet d’éviter des malentendus et d’optimiser les coûts.
L’utilisation d’outils technologiques, comme les plateformes de gestion logistique, facilite le suivi des expéditions et aide à éviter les retards. « Certains marchés exigent des certificats d’origine, des inspections ou des normes spécifiques. Vérifier ces éléments en amont peut faire une grande différence », ajoute Mme Brassard.
Diversifier ses approvisionnements et ses routes commerciales
Les perturbations récentes des chaînes d’approvisionnement ont mis en lumière l’importance de la diversification. « On ne peut pas toujours dépendre d’un seul fournisseur ou d’une seule route logistique. L’exploration de solutions alternatives est essentielle pour atténuer les risques », note Mme Brassard. Les entreprises peuvent également envisager des opportunités sur le marché interprovincial, bien que des barrières réglementaires demeurent sur une sélection de produits, alors que les gouvernements provinciaux s’entendent pour les réduire.
Dans un contexte de tensions commerciales, des entreprises choisissent de renforcer leur présence sur le marché américain tout en faisant le choix d’exporter dans d’autres marchés. « Il ne faut pas croire que l’exportation vers les États-Unis va s’arrêter du jour au lendemain. Il y aura toujours un besoin et des opportunités. Cependant, cette situation démontre l’importance d’être bien préparé et de réviser ses termes de contrat pour éviter les surprises », insiste-t-elle.

Une gestion rigoureuse des formalités douanières et des coûts logistiques est essentielle pour assurer le succès des exportations, surtout en cette ère d’incertitudes où les États-Unis imposent des tarifs douaniers à l’importation. (Photo : Freepik)
Se préparer pour l’avenir
Pour Nadine Brassard, les entreprises ont déjà vécu des crises économiques et commerciales. Pour la plupart, elles y sont bien préparées. Toutefois, elle convient qu’il s’agit de la première guerre commerciale d’une telle ampleur qu’elle voit dans sa carrière. « On a connu les tarifs de 2018 sur l’acier et l’aluminium, la crise économique de 2008, la crise forestière… Mais aujourd’hui, les entreprises doivent être plus agiles que jamais. Même si les tarifs sont annulés, il faut profiter de l’occasion pour élargir ses horizons d’exportation », indique Mme Brassard.
Pour réussir à l’exportation, une entreprise doit anticiper, s’adapter et s’entourer des bons partenaires logistiques. « Les entreprises sont déjà en mode solution. Celles qui prennent des décisions stratégiques maintenant seront mieux positionnées pour traverser les prochaines turbulences », conclut-elle.