par Jonathan Thibeault
Au terme de ce dossier consacré à l’exportation, une idée s’impose : ce n’est pas tant la taille de l’entreprise qui fait la différence, mais sa capacité à se remettre en question. Car au-delà des incitatifs, des programmes d’aide ou des stratégies d’entrée, une constante demeure : les marchés évoluent vite. Et ceux qui souhaitent y rester doivent apprendre à faire évoluer leur modèle tout aussi rapidement.
Innover, mais pourquoi ?
L’innovation, on en parle souvent comme d’une solution. Mais à quel besoin répond-elle vraiment ? Pour Nadine Brassard, il ne s’agit pas uniquement de suivre les tendances. C’est d’abord une posture, un réflexe à cultiver.
« Quand on innove, on accepte de ne pas être dans une zone de confort. On doit élargir nos perspectives, ouvrir nos œillères. Et ça commence parfois par regarder ce que font nos compétiteurs. Non pas pour les copier, mais pour mieux comprendre où l’on peut se démarquer », soutient-elle.
L’innovation, c’est donc aussi apprendre à bien se positionner dans un écosystème en mouvement.
Et cela ne se limite pas à la technologie. « L’innovation peut être organisationnelle, commerciale, stratégique. Ce n’est pas juste une question d’outils. Ce qui compte, c’est ce qu’on en fait pour être plus agile, plus pertinent », explique Mme Brassard.
S’adapter avec justesse
Pour plusieurs PME, le défi est double : innover, oui, mais sans les ressources d’un grand groupe. Pourtant, des leviers simples peuvent faire toute la différence. Par exemple, affiner sa veille stratégique, pas celle qu’on empile dans un dossier oublié, mais celle qu’on consulte pour prendre de vraies décisions. « Si ça fait trois mois que vous ne consultez plus votre veille, c’est qu’elle ne correspond pas à vos besoins. Une bonne veille, c’est celle qui vous alerte quand un client majeur annonce un projet ou qu’un compétiteur s’en va dans un salon stratégique », met-elle en relief. Chaque entreprise doit définir ce qu’elle doit savoir pour rester pertinente. Pour l’une, ce sera les nouveaux produits d’un rival. Pour l’autre, les appels d’offres d’un donneur d’ordre. « Il n’y a pas une seule recette. L’important, c’est que cette veille soit connectée à votre modèle d’affaires, qu’elle vous pousse à ajuster le tir. »
Diversifier, encore et encore
Un autre principe revient avec insistance dans le discours de Nadine Brassard : la diversification. Non pas comme une option parmi d’autres, mais comme une stratégie d’ancrage à long terme.
« Peu importe s’il y a des tarifs ou non chez nos voisins américains, la diversification reste essentielle. Plus on a de billes dans différents paniers, moins on dépend d’un seul marché. Et ça, c’est vrai pour les ventes autant que pour l’innovation », insiste-t-elle.
Diversifier, c’est aussi découvrir de nouvelles façons de faire. Ce que fait une entreprise ailleurs peut inspirer une approche plus efficace ici. Ce qui semble marginal dans un pays peut devenir un avantage distinctif sur un autre marché, rappelle celle qui dirige également Commerce international Québec, le réseau des ORPEX dont SERDEX International fait partie à titre de référence à l’exportation pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Une culture à bâtir
L’enjeu principal, en fin de compte, n’est pas de trouver le bon outil. C’est de créer une culture qui valorise la remise en question. Une culture qui accepte de revoir ses façons de faire, même quand tout semble fonctionner.
« On ne peut pas contrôler ce que les autres font ou décident. Mais on peut décider, nous, comment on se prépare à absorber les chocs. L’innovation, c’est une façon d’amenuiser notre vulnérabilité.
Dans un monde qui bascule parfois du jour au lendemain, cette posture d’agilité est peut-être le plus puissant des avantages. », conclut la directrice générale de SERDEX International.