par mélanie côté
La pénurie de main-d’œuvre est le secret le moins bien gardé dans le monde du travail et le milieu industriel n’y échappe pas. Les entreprises rivalisent d’originalité pour tenter de contrer cette tendance, qui leur cause bien des maux de tête; deux d’entre elles, STAS et Premier Tech, ont accepté de partager leurs idées pour attirer mais surtout pour garder leur main-d’œuvre.
Lors de l’entrevue avec Yvan Pelletier, vice-président principal développement organisationnel chez Premier Tech, dont le but est de trouver des solutions pour aider à nourrir, à protéger et à améliorer la planète, l’expression charge mentale est revenue à plusieurs reprises. Depuis 1923, de nombreuses initiatives ont été mises en place pour diminuer cette pression chez leurs équipiers, qui sont 5 200 répartis dans 28 pays à travers le monde, dont 1 500 sur le campus de Rivière-du-Loup, le siège social de l’entreprise. L’une d’elles a d’ailleurs été la création du TechServices, un service de conciergerie, il y a quelques années.

Le campus principal de Premier Tech est situé à Rivière-du-Loup, où travaillent 1 500 équipiers.
« Nous voulons retirer la charge mentale ou la pression que l’on peut avoir à courir pour le changement de pneus l’hiver, le changement d’huile, le nettoyage de la voiture, l’aiguisage des patins, le rendez-vous chez le cordonnier. Les équipiers peuvent amener leur liste de tâches à faire et pour laquelle ils auraient peut-être fait trois ou quatre arrêts en venant travailler ou en repartant. On dit « amène ça et on va s’en occuper. Ça va te permettre de juste te présenter au travail », explique M. Pelletier, en insistant sur le mot équipier.

Yvan Pelletier est vice-président principal développement organisationnel chez Premier Tech.
« Chez Premier Tech, nous ne sommes pas des employés mais des équipiers. Nous formons des équipes de travail qui contribuent ensemble au succès de l’entreprise. Dans tous les cas, nous voulons qu’il y ait des connexions avec eux, que les gestionnaires aient un impact positif dans leur vie professionnelle, leur quotidien. Bien sûr, nous pouvons parler de salaires, d’avantages sociaux. Tout le monde travaille pour quelque chose dans la vie, mais au-delà de ça, ce qui va faire la différence, c’est la relation que tu vas établir avec ton gestionnaire et l’équipe que tu côtoies », soutient le vice-président.
Au service de conciergerie s’en ajoutent d’autres, très appréciés également, soit l’accès à des places en garderie, à un médecin, à des infirmières directement sur le campus et aussi aux services financiers d’une firme externe.
Flexibilité
Chez STAS, qui est présente dans plus de 40 pays à travers le monde et dont les 130 employés se trouvent à Saguenay, la flexibilité a été mise au cœur des opérations au cours des dernières années. Avant la pandémie, l’entreprise n’avait pas de politique de télétravail, outre pour les besoins ponctuels des employés, mais les choses ont bien évolué depuis.

Les bureaux de STAS sont situés sur la rue des Actionnaires, à Chicoutimi. Photo Mélanie Côté
« On demande une présence seulement deux jours par semaine. Le mercredi, tout le monde est au bureau, pour avoir une dynamique, pour développer l’esprit STAS. À cela s’additionne la flexibilité de l’horaire le matin et le soir. De 8 h 30 à 15 h 30, c’est une période fixe et, pour le reste, les employés s’ajustent le matin ou le soir. Aussi, depuis trois ans, on ne travaille plus le vendredi après-midi, et récemment, nous avons offert la semaine de quatre jours pour ceux qui le veulent. C’est apprécié et ça n’a aucun impact sur la production », explique Jasmine Paradis-Laroche, directrice des ressources humaines et santé sécurité environnement chez STAS.
Signe que les changements ont porté leurs fruits, un sondage effectué récemment par une firme externe a confirmé que le taux de satisfaction atteint 82 % chez les employés. Ce qui ressort, ce sont la flexibilité dans les horaires, la semaine de quatre jours, le télétravail et le choix de vacances flexibles. « Tous des éléments-clés de notre différenciation », se réjouit Mme Paradis-Laroche.
Attractivité
Un focus group, effectué chez STAS à l’automne 2021, a permis d’établir les quatre piliers de l’entreprise, ce pour quoi les employés aiment y travailler, ce qu’ils appellent leur marque employeur. En mettant son site Internet au goût du jour, l’équipementier, qui œuvre dans le secteur de l’aluminium et qui possède un chiffre d’affaires annuel de 30 millions $, a mis l’accent sur ces différents axes.
D’abord, la portée internationale de l’entreprise, permettant aux employés de voyager, leur plaît particulièrement. Par ailleurs, les équipements réalisés leur procurent un sentiment de fierté. « C’est une grosse fierté de développer des équipements technologiques. Et quand ils les installent chez les clients, ils voient ce que ça a comme impact, par exemple quand on arrive avec notre technologie pour améliorer la sécurité des employés dans un pays où les procédés sont plus archaïques », précise Mme Paradis-Laroche, qui attire aussi l’attention sur le travail en équipe multidisciplinaire, ce qui signifie que, du début à la fin d’un projet, au moins quatre personnes se partagent leur expertise.

L’un des avantages de travailler chez STAS, c’est la propreté de l’atelier, souligne Jasmine Paradis-Laroche. Photo Mélanie Côté
Cette dernière souligne aussi l’environnement familial dans lequel œuvrent les employés de STAS, une entreprise qui a été fondée il y a 30 ans par Pierre Bouchard et qui a été léguée à ses fils Louis et Patrice, le premier étant aujourd’hui président-directeur général et propriétaire de l’entreprise. « Ce n’est pas juste une valeur écrite sur notre site Web. La famille, ça fait vraiment partie de l’ADN de STAS. La conciliation travail-famille, ce n’est pas un nouveau concept. Ça fait des années qu’on y croit et l’entreprise a mis les actions en place pour que ce soit vécu au quotidien par les employés », signale-t-elle, tout en ajoutant que les activités sociales sont appréciées et permettent d’évoluer dans un environnement agréable.
Environnement
L’environnement de travail est aussi une valeur importante, qui ressort chez Premier Tech. À même les terrains du campus de Rivière-du-Loup, les équipiers ont accès à des sentiers pédestres, des sentiers de vélo de montagne, de fatbike et de raquettes. Il y aussi un espace pour jouer au soccer, des aménagements pour le yoga et des bacs de jardinage.

Les bureaux de STAS sont au goût du jour afin que les employés s’y sentent bien. Photo Mélanie Côté
« Nous essayons de penser au bien-être de l’individu dans toutes ses formes, toutes ses facettes afin de favoriser les échanges et le travail d’équipe, et ce, tout en brisant l’isolement et en réduisant la charge mentale. Nous espérons ainsi aider nos équipiers à mieux concilier toutes les facettes de leur vie professionnelle et familiale », affirme M. Pelletier, mentionnant que les TechCafé, à l’intérieur des murs de l’entreprise, permettent de prendre des cafés spécialisés avec les collègues. Dans un même ordre d’idées, une visite dans les bureaux de STAS permet de découvrir un environnement industriel propre et au goût du jour.
Visibilité
Pour faciliter l’embauche, il faut être connu, et c’est un défi sur lequel a dû se pencher l’équipe de STAS. En effet, malgré ses 30 ans en affaires, l’entreprise restait méconnue, confirme Mme Paradis-Laroche. Tel que mentionné plus haut, le site Internet a été mis à jour, une page Facebook a été créée et beaucoup de contenu y est partagé, notamment les postes disponibles, ce qui permet aux employés déjà en place de partager les offres. Et ce qui a grandement aidé au recrutement, c’est le programme de référencement qui a été mis à jour. En fait, chaque employé qui recommande un candidat reçoit 1 000 $, tout comme ce dernier.
« Nos employés sont nos meilleurs ambassadeurs pour parler de l’entreprise. Le référencement a donné beaucoup de résultats. Je pense que plus de 50 % des postes qu’on comble actuellement le sont par référencement », avance la directrice RH, précisant que l’entreprise accueille 25 % de femmes parmi ses employés; ce sont elles qui « amènent une autre perspective » dans l’entreprise.
Au moment des entrevues avec Premier Tech et STAS, plusieurs emplois étaient disponibles dans chacune des entreprises, et ce, dans des corps de métier variés.

Vingt-cinq pour cent des employés de l’équipementier en aluminium, STAS, sont des femmes. Photo Mélanie Côté
« Quand tu viens chez nous, la diversité de nos activités fait en sorte que tu peux penser évoluer dans différents domaines. Par exemple, tu commences dans un domaine, mais tu as toujours espéré en essayer un autre; ici, tu as la chance de te réaliser dans un autre domaine, de te développer toi-même, sans changer d’entreprise », avance M. Pelletier.
« Depuis trois ans, on voit vraiment une différence sur le plan de la rétention. L’offre sur le marché est là, il y a un mouvement cyclique dans toutes les entreprises. Par contre, chez STAS, on a été proactifs pour offrir à nos employés un milieu de vie stimulant, avec beaucoup d’autonomie, qui permet à nos employés de faire une carrière à l’international », complète Mme Paradis-Laroche.