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par Guy Bordeleau, ing., M. Sc.

Nous n’y pensons généralement pas, mais l’emploi de l’aluminium a pris et prendra toujours une place de choix dans les matériaux utilisés en aéronautique et dans les différents programmes spatiaux depuis les débuts de la conquête de l’espace. Mais ce que nous ne pensons pas, c’est comment ce matériau a pu permettre tout un florilège d’univers qui n’ont rien à voir à celui du monde industriel de l’aluminium.

Ceux et celles de ma génération se rappelleront avec nostalgie l’aventure spatiale américaine des années 50 et 60 dont l’objectif fut de conquérir la Lune. Les mots prononcés par le président John F. Kennedy résonnent encore dans ma tête alors que le 12 septembre 1962, dans son discours prononcé à l’Université Rice à Houston au Texas, il déclara: «…Nous avons choisi d’aller sur la Lune. Nous avons choisi d’aller sur la Lune au cours de cette décennie et d’accomplir d’autres choses encore, non pas parce-que c’est facile, mais justement parce-que c’est difficile… ».

Cette phrase est souvent citée comme une expression de l’engagement et de la détermination de Kennedy à l’égard de l’exploration spatiale, ainsi que de la reconnaissance de la complexité et des défis liés à la mission lunaire. La mission Apollo a finalement réussi à envoyer des astronautes sur la Lune en 1969, réalisant ainsi l’objectif ambitieux que Kennedy avait fixé sept ans auparavant.

Mais depuis cette époque à peine sortie de la Seconde Guerre mondiale, qu’en fut-il de la contribution canadienne?

Pour laisser place à l’imaginaire et à la littérature jeunesse, certains se rappelleront les aventures de Dan Cooper, ce personnage principal d’une série de bandes-dessinées du même nom, créée en 1954 par l’auteur et dessinateur belge Albert Weinberg. Dan Cooper était un pilote de chasse de la RCAF, souvent envoyé en mission pour contrer les menaces internationales. Il était connu pour son courage, son intelligence, sa détermination, ainsi que sa maîtrise exceptionnelle des avions de chasse supersoniques comme le CF-100 Canuck, le CF-104 Starfighter, le CL-13B Sabre, le F-100 Super Sabre, le CF-101 Voodoo et même le CF-18 Hornet dans les derniers albums parus au début des années 80.

De manière bien réelle toutefois, le Canada a apporté une contribution significative au programme spatial américain tout au long de l’histoire de la NASA, entre autres par l’intégration de l’aluminium dans différentes innovations spatiales. Citons le bras canadien de la navette spatiale, ce bras robotique nommé CanadARM, développé par la société canadienne SPAR Aerospace (aujourd’hui MDA Corporation) et utilisé sur les navettes spatiales américaines pendant plus de 30 ans pour des missions telles que la construction de la Station Spatiale Internationale (ISS) et la réparation de satellites.

Plusieurs astronautes canadiens ont également été sélectionnés par la NASA pour faire partie de leurs missions spatiales. Le premier étant Marc Garneau qui vola à bord de la navette spatiale Challenger en 1984. Depuis lors, sept autres Canadiens ont volé dans l’espace. Citons aussi la contribution du Canada sur de nombreux projets scientifiques, y compris le développement de la technologie des capteurs pour la mission Mars Science Laboratory, qui a envoyé sur Mars en 2012 le rover Curiosity. Citons également la récente mission Perseverance alors que l’ingénieure québécoise Farah Alibay a piloté et téléguidé le robot qui a atterri sur Mars en février 2021 en vue de chercher des traces de vie sur cette planète.

Mentionnons enfin que le Canada a également développé et lancé de nombreux satellites pour des missions scientifiques et de communications. Par exemple, le satellite RADARSAT-2 fournit des images radar haute résolution pour la surveillance des ressources naturelles, la gestion des catastrophes et la sécurité nationale. Mais, de toutes ces contributions, nous apprenions l’année dernière la désignation du pilote canadien Jeremy Hansen comme étant l’un des quatre membres d’équipage de la mission Artemis II qui auront le privilège d’effectuer une orbite autour de la Lune. Une première depuis que l’astronaute Eugene Cernan l’eut quitté le 14 décembre 1972.

L’aluminium a donc joué et jouera un rôle de premier ordre dans l’exploration spatiale en raison de ses qualités uniques de légèreté et de durabilité et son rôle continuera de croître avec les futures missions vers la Lune, Mars et au-delà.

Mais sans ce matériau qui fut un acteur de l’ombre, mais combien nécessaire pour que soit rendu possible l’aventure aéronautique et spatiale, peut-être que le personnage de fiction Dan Cooper n’aurait jamais pu exister et, par effet corolaire, qu’il n’aurait pu inspirer des générations de jeunes Canadiens jusqu’à ce que puisse se réaliser les rêves de l’ingénieure Farah Alibay et l’astronaute Jeremy Hansen.

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 AUTEUR :

Guy Bordeleau, ing., M. Sc.

Agent de développement recherche et innovation | Mauricie et Centre-du-Québec

Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium

guy.bordeleau@cqrda.ca